Un blockbuster de superhéros nostalgique et ultradrôle, dont les stars sont la bande-son et un Walkman. Oui, un Walkman.
Vous les aimez comment, les superhéros ? Comme des demi-dieux maussades et solennels (la tendance DC Comics avec les Batman de Christopher Nolan et Man of Steel de Zack Snyder) ? Ou comme des types sympas, qui vous prennent par la main pour rigoler ? La seconde option est une recette rodée chez les studios Marvel (Iron Man, Avengers…) et, vu son succès, pas de raison d’en changer : dégonfler la tentation nietzschéenne du surhomme par la blague, confronter les échelles, merveille et trivialité.
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Les Gardiens de la galaxie arrive avec l’auréole d’un film “risqué” pour Marvel mais le principe est identique, sinon poussé à l’extrême. Gamin, Peter Quill est kidnappé par des extraterrestres. Vingt ans plus tard, le revoici en charmant bandit spatial (l’excellent Chris Pratt de la série Parks and Recreation) pour servir le menu Marvel : un McGuffin destructeur convoité par un méchant bien maquillé mais terne, des personnages féminins esquissés et un cinéaste occupé à exister dans le cahier des charges.
Pour le coup, James Gunn (réalisateur de la satire de superhéros Super) se fait entendre. Par là où on l’attendait, soit l’humour pétaradant et en rafale, un poil trop peut-être. Il parvient aussi à donner proximité et corps à son monde SF, bestiaire vivant et vraie palette pop bigarrée agréable à l’œil. La surprise du film réside dans ses pépites d’émotion, hors de son intrigue télégraphiée et convenue sur la rédemption de crapules. Moments de grâce offerts par le catcheur Dave Bautista, colosse tatoué et tourmenté qui aurait beaucoup de leçons à donner à tout le casting d’Expendables, ou par Rocket Raccoon, raton laveur teigneux et existentialiste, qui confirme que les animaux numériques en performance capture sont bien l’avenir du cinéma et la fin de Daniel Day-Lewis.
Mais les vraies stars des Gardiens de la galaxie sont sa BO vintage (10cc, les Jackson Five, Blue Swede…) et le Walkman de Peter Quill, doudou auquel il se raccroche – c’est son dernier lien avec la Terre et sa maman. La musique propulse le film en faisant vaciller nos certitudes : pour abattre des vaisseaux spatiaux, préférez-vous les envolées lyriques de John Williams ou les feulements des Runaways sur Cherry Bomb ? Elle cristallise surtout une vraie mélancolie. Si James Gunn sait qu’il est impossible de retrouver les premiers émois d’un gosse devant Star Wars, il conjure parfaitement l’état d’esprit d’un gosse d’alors, rêvant dans sa chambre avant de se perdre dans les salles obscures. Le cocon entre deux écouteurs orange, la K7 soigneusement compilée par un être cher, la garantie d’un voyage dans les étoiles avec escale lors du changement de face. Cette rébellion de l’analogique donne tout son charme rétrofuturiste à ce blockbuster filmé à hauteur d’enfant des années 70 et 80.
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