Durant la seconde moitié bien allumée des Frères sœur, Jean-François Stévenin ne cesse d’avaler des barres Twix. Bardé de notre mauvaise foi coutumière, on est à deux doigts de décréter que ce détail, gratuit et insignifiant jusque dans sa récurrence, nous suffit pour défendre le second long métrage de Frédéric Jardin. Cette gloutonnerie compulsive, à […]
Durant la seconde moitié bien allumée des Frères sœur, Jean-François Stévenin ne cesse d’avaler des barres Twix. Bardé de notre mauvaise foi coutumière, on est à deux doigts de décréter que ce détail, gratuit et insignifiant jusque dans sa récurrence, nous suffit pour défendre le second long métrage de Frédéric Jardin. Cette gloutonnerie compulsive, à aucun moment mise en avant dans les plans où elle s’affirme, participe du dérèglement qui s’est emparé du film à mi-chemin pour le faire basculer dans une frénésie brouillonne, une trépidation échevelée totalement inimaginable dans ses prémices. A l’encontre des nouveaux canons de la comédie communautaire, Jardin avait misé sur un sous-genre fortement typé 80’s, suranné voire rétrograde, le buddy-movie à la française. Jouer de la dissemblance entre Denis Podalydès et José Garcia n’était déjà pas en soi une idée frappée du sceau de l’évidence comique. D’autant que Garcia confirme que son jeu s’épanouit plus habilement dans la finesse que dans la bouffonnerie où l’on a encore trop tendance à le consigner. D’où amenuisement de l’antagonisme affiché des caractères et cabotage sur un rythme mesuré, infiniment trop poli, qui prévaut un bon moment avant que les seconds rôles fassent main basse sur le récit, ouvrant des brèches et le maltraitant pour l’asservir. Outre Stévenin, plus kung-fu fighter que jamais, Berroyer, tout de dilettantisme narquois, enchante, alors que Daniel Emilfork, par la seule grâce de son physique de Max Schreck chilien, plante de pétulantes boutures dada. Moins convaincant, Edouard Baer s’ébroue dans un n’importe quoi hystérisé qui a néanmoins le don de libérer le filmage de Jardin, autorisé alors à dépenailler son script pour sniffer la ligne jaune cocaïnée qu’une comédie conventionnelle ne s’arrogerait pas le droit de franchir. Du premier Jardin, La Folie douce, plaisant marivaudage embastillé dans le Novaland de la branchitude, on avait surtout retenu l’épithète du titre. On ne regrettera pas ici sa totale éradication.
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