Avant l’immense « No Country For Old Men », tonitruant retour en forme du tandem, regard sur cinq pièces essentielles de la filmographie des frères Coen.
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Révélation d’un duo de frères cinéastes virtuoses du récit, du casting et de la direction d’acteurs, d’une précision de storyboardeurs dans la mise en scène. Ce premier film s’inspire de l’univers noir de James Cain et le teinte d’une ironie macabre assez réjouissante. Image saillante, le shérif adipeux et suant joué par le génial Emmet Walsh. Un cas typique de « coup d’essai, coup de maître ».
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Après Cain, les Coen poursuivent leur plongée dans le roman noir américain en adaptant Hammet. Si la patine années trente est un peu rétro, le film échappe complètement au risque de reconstitution figée par la grâce conjuguée d’un scénario et de dialogues goûteux, d’acteurs géniaux et d’une fascinante tonalité somnambulique. Tel le Destin, un chapeau fil rouge passe de personnages en personnages et Miller’s crossing défile comme un songe, ou une cotonneuse gueule de bois. Superbe.
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Palme d’or à Cannes 91, ce n’est pas le meilleur Coen à nos yeux. Ce qui est très réussi, c’est la description du Hollywood des années quarante, le fossé culturel entre le théâtre new-yorkais et l’industrie du cinéma californienne, la paranoïa et la solitude de l’écrivain perdu dans un univers de palmiers, de nababs et de dollars. C’est inspiré des aventures réelles des Cain, Chandler, Faulkner à Hollywood. La partie ange exterminateur joué par John Goodman est moins convaincante.
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Encore un film noir, situé dans un territoire inhabituel du genre : le vaste, blanc et glacé Minnesota, le pays de Bob Dylan, qui évoque ici plutôt la Finlande de Kaurismaki. Toujours le savoureux mélange coennien d’ironie macabre, d’absurdité existentielle, de tendresse rude pour les losers, de scénarios qui se retournent contre les protagonistes en mécanique piégeuse, mais avec un petit quelque chose en plus : la splendeur graphique, l’exploitation esthétique maximale du potentiel paysager du grand Nord.
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Une relecture hilarante du Grand sommeil de Chandler portée par un personnage devenu culte : le Dude, joué par Jeff Bridges, un grand dadais naïf défoncé jusqu’au fond des yeux, un slacker majuscule mêlé à l’insu de son plein gré à une vaste affaire d’argent. Les grands motifs coenniens sur l’innocence, la culpabilité, le hasard, les mécaniques kafkaiennes que l’on ne maîtrise plus, sont ici rebrassés dans leur veine d’un comique débridé où l’humour tous azimuts (situations, dialogues, corps burlesques…) domine nettement la noirceur.
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