L’été est fané depuis longtemps mais les émois des adolescentes ne cessent de bourgeonner, souillant le lit de la vierge pour brandir sur l’écran ce désir d’abandon et de garçons, hymen jeté aux orties, poil sous les roses. Dans un port du Finistère, Gwen (Isild le Besco, déflorée dans La Puce et Sade) expérimente avec […]
L’été est fané depuis longtemps mais les émois des adolescentes ne cessent de bourgeonner, souillant le lit de la vierge pour brandir sur l’écran ce désir d’abandon et de garçons, hymen jeté aux orties, poil sous les roses. Dans un port du Finistère, Gwen (Isild le Besco, déflorée dans La Puce et Sade) expérimente avec une fougue charnue la mutation de son corps. Assidue à l’école de la chair, elle peine néanmoins à combler un autre manque de jeune fille : Lise, sa meilleure amie, est retenue à la ville, dans un hors-champ que le film creuse à l’envi pour tamiser un éclairage attendu jeté sur l’initiation à la sexualité. Partage de midinettes : Gwen évincée, la seconde partie est dévolue à l’univers de son antonyme Lise, perturbée par la perte d’un père qu’elle a à peine connu. Ce rabat du récit, convention trop paresseuse pour travailler, autrement que sous l’angle purement théorique, la notion de point de vue, pourrait nous inciter à plier les gaules. Pourtant cette fraction se révèle la plus réussie, baignant dans une atmosphère piquetée de buñuélisme, où s’organisent des échanges de délicate perversité entre sexe et deuil, rose aux joues et dessous noirs. Les deux grandes sœurs de Lise, telles des carmélites attentives aux braises qui couvent dans leur ventre, injectent cette dose d’étrangeté nécessaire au film, et auraient probablement beaucoup plu à Walerian Borowczyck. On les quittera à regret pour la conclusion hybride qu’induit une construction duelle. Gwen et Lise ont suivi des directions opposées et ne peuvent plus, lors des retrouvailles, se reconnaître, encore moins se mêler ou se réfléchir. Dès lors, leur altérité contamine une mise en scène entre deux eaux, et le film perd pied, ballotté par ces courants contraires. Paradoxalement, on ne saurait trop blâmer cette fin disparate. Plutôt que d’être infidèle à ses personnages, les déposséder de leur identité pour se rétablir en un mol équilibre, Anne-Sophie Birot assume la cohérence de son échec. Cette fille ne sait pas tricher.
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