La projection à Pantin du dernier film de Brigitte Sy, « L’Astragale », n’aura pas lieu. L’association « Collectif féministe de Pantin » qui organisait la projection reproche à la réalisatrice d’avoir signé la tribune des 100 femmes.
Hier, sur son mur Facebook, Brigitte Sy, actrice et cinéaste, auteure de l’adaptation au cinéma de « L’Astragale », mais aussi signataire de la tribune des 100 femmes parue la semaine dernier sur le site du Monde, a publié le post suivant :
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« Réalisatrice du film « l’Astragale », titre éponyme du roman d’Albertine Sarrazin, je ne pensais pas être privée un jour de parole, ni interdite de débat, ni de la projection de mon film, censurée en quelque sorte en raison de ma seule signature au bas d’une tribune….
Je vous laisse apprécier la dernière phrase du mail que j’ai reçu ce jour de la part d’un comité féministe dont je ne connais ni les noms ni les visages.
« Nous [sommes] disposées à en discuter avec elle, si elle souhaite s’en expliquer ». Je traduis :
– Regarde Brigitte, on met ton film à la poubelle, on veut pas parler avec toi et si tu veux, quand tu auras fini de saigner, tu peux venir t’en expliquer ….
Voici le mail du comité :
» Les projections – débat du cycle « le genre fait son cinéma » ont pour objectif d’engager avec les habitant-e-s de Pantin une réflexion sur le féminisme et sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Nous pensons que le moment n’est pas opportun pour débattre sereinement dans ce cadre avec une signataire de la tribune des cent femmes. En effet, les positions tenues dans cette tribune vont à l’encontre de valeurs féministes que nous portons. Elles banalisent les violences faites aux femmes et dépolitisent les questions que les féministes ont mis 30 ans à construire. Elles jettent le discrédit sur les féministes, qui se sont battues et continuent de se battre pour l’émancipation et la liberté des femmes. Enfin, elles expriment un réel mépris de classe.
Nous sommes disposées à en discuter avec elle si elle souhaite s’en expliquer. »
Contactée aujourd’hui, Brigitte Sy a accepté d’apporter quelques précisions et tempère un peu ses propos : « Avec le Collectif féministe de Pantin, nous nous étions mis d’accord pour le 9 février. Mais il faut savoir que les événements de février n’étaient pas encore annoncés officiellement. C’est pour cela que c’est délicat de parler de censure… Cette projection m’a été proposée en septembre dernier. Elle devait avoir lieu en décembre puis pour des raisons matérielles elle a été reportée en février… Initialement le débat devait porter sur l’adaptation littéraire au cinéma… Le ciné 104 n’a pas de responsabilité en l’occurrence… C’est ce seul comité qui a choisi ce film puis qui a décidé d’annuler la projection et le débat.. Je pense que si le film avait été annoncé officiellement le cinéma de Pantin aurait lui maintenu la projection… ».
Le « collectif féministe de Pantin », de son côté, nous a répondu : « le collectif féministe de pantin anime, en partenariat avec le ciné 104, un cycle de projection-débat : le genre fait son cinéma. Ce film n’était pas encore programmé, aucune date n’était encore arrêtée. En désaccord avec la tribune signée par Brigitte Sy, nous avons pensé que le contexte n’était pas opportun pour inscrire cette projection-débat dans le cycle « le genre fait son cinéma ». En tant que féministes, nous n’avons aucunement la volonté de censurer, ni le pouvoir de programmer, qui revient au ciné 104. »
Selon Brigitte Sy, il serait faux de dire qu’aucune date n’avait été arrêtée : « J’ai reçu un mail du ciné me proposant plusieurs dates en février et nous nous étions mis d’accord sur le 9 février avec la programmatrice de Pantin … Leur proposition de venir présenter mon film date de septembre 2017 ».
A suivre…
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