Les deux amies, ce sont Louise et Kelly, adolescentes d’une quinzaine d’années, qui se vouent une amitié ancienne et sans faille. Elles forment à elles deux un petit noyau dur, ont suivi jusque-là un itinéraire parallèle, tant sur le plan scolaire que familial : même école et parents séparés. Mais prenons le film à son […]
Les deux amies, ce sont Louise et Kelly, adolescentes d’une quinzaine d’années, qui se vouent une amitié ancienne et sans faille. Elles forment à elles deux un petit noyau dur, ont suivi jusque-là un itinéraire parallèle, tant sur le plan scolaire que familial : même école et parents séparés. Mais prenons le film à son commencement, c’est-à-dire à la fin de leur histoire à elles : une jeune fille vient de mourir, et les parents de Louise s’interrogent lors de la veillée funèbre sur le devenir de Kelly, car Louise n’a plus de nouvelles d’elle depuis presque trois mois elle sait juste qu’elle a quitté l’école et squatte un appartement près de la plage. Ainsi Jane Campion va-t-elle dérouler l’histoire à l’envers, nous livrer les faits de la dégradation de cette amitié en remontant le fil de ces deux vies de juillet à décembre. Par ce procédé, elle déplace l’intérêt du spectateur : il ne se situe plus dans le suspense, dans la succession d’événements en vue de l’aboutissement final, mais dans un compte à rebours signifiant, plaçant le spectateur dans une attention redoublée de chaque fait, de nature diverse, ayant participé à cette rupture. Cette désunion qui s’effectue sur une durée totale de huit mois va être déclenchée par le beau-père de Kelly qui lui refusera le droit de poursuivre ses études dans l’université où toutes deux ont été reçues. Cet éloignement physique, ajouté aux changements qui en découleront du point de vue de sa situation familiale, sociale et affective, va modifier les préoccupations et priorités de Kelly, et donc la place de Louise dans sa nouvelle vie. La révolte latente de l’adolescente ainsi que les divergences de caractère et de personnalité entre les deux amies, déjà présentes à l’orée de ce désagrègement et suggérées tout le long par Jane Campion dans leur côtoiement quotidien, vont s’accentuer, jusqu’à ne plus rendre possible leur rapprochement. Le petit noyau dur n’est plus.
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