À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la longue errance sur le fil de la folie d’un peloton de la Légion étrangère. Pas mal.
Le 9 mars 1945, l’armée japonaise, qui jusque-là avait collaboré avec les troupes coloniales françaises décide d’un assaut éclair en Indochine française. Dans un hôpital de la Légion étrangère où les soldats crèvent à petit feu ou végètent (plus de nourriture, plus de solde, etc.), l’adjudant Janiçki, d’origine polonaise, qui dirige le lieu, décide de fuir avec une dizaine d’hommes encore valides. Ils s’enfoncent dans la jungle pour une marche de plus de 300 km. Destination : les lignes alliées. Mais bientôt, des conflits naissent entre les soldats et leur sous-officier sur le choix du chemin à prendre. Les addictions et les crises de manque des uns et des autres (alcool, drogue), n’aident pas à la bonne entente entre les hommes, qui évoluent parfois dans des états seconds.
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Le récit, inspiré de faits réels, est mené de façon haletante : on a peur pour eux. Une scène spectaculaire de combat avec l’ennemi, au milieu des mangroves, ensanglante la jungle. Tout semble un peu fou, effrayant. Les hommes tombent les uns après les autres.
Au service du collectif
Les Derniers Hommes de David Oelhoffen (Nos Retrouvailles, Loin des hommes, Frères ennemis) est un film sur le choix et le hasard, sur le fait de prendre telle ou telle route, telle ou telle décision, sans savoir jamais quelle est la bonne. Mais ce choix concerne aussi le passé de ces soldats depuis leur engagement dans la Légion étrangère, corps d’élite de l’armée française, une France qui les a aussi laissés tomber au fin fond de son empire. L’un a fui le franquisme (un ancien républicain espagnol), un autre le fascisme (un Italien), un autre encore l’oppression japonaise (un soldat Hmong, qui joue le rôle d’éclaireur).
Ces hommes rudement formés pour n’être qu’au service du collectif, vont bientôt se diviser, leur esprit de corps va se déliter. Et les différences dans la manière dont les acteurs de nationalités différentes jouent vont se révéler être un atout pour le film, qui montre comment un groupe soudé finit, sous le joug de la souffrance, par révéler des individualités et des intérêts forcément très divers. Les hommes perdent leurs repères. Un peu comme les marines d’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, la folie fait loi.
La dernière production de Jacques Perrin
Par ailleurs Les Derniers Hommes est le dernier film produit et co-écrit par le grand acteur Jacques Perrin. Il est mort cinq jours après la fin du tournage, il y aura bientôt deux ans, à l’âge de 80 ans. Perrin avait pour singularité d’avoir joué dans les premiers films de Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’Âne) ou ceux, plus malheureux, de Valerio Zurlini (La Fille à la Valise, Journal intime, Le Désert des Tartares…), mais aussi, plus surprenant, un tueur en série chez Paul Vecchiali (L’Étrangleur).
Il avait produit plusieurs films engagés à gauche de Costa-Gavras (Z, LÉtat de siège, Section spéciale). Et il avait souvent interprété des officiers (il était lui-même capitaine de frégate de réserve dans la marine) dans les films de Pierre Schoendoerffer – quatre films en commun : La 317e section, Le Crabe-tambour, L’Honneur d’un capitaine, Là-haut, un roi au-dessus des nuages. Il avait aussi réalisé et produits plusieurs films à succès sur la nature, la planète, les animaux, (Microcosmos, Le Peuple migrateur, etc.). Cinquante ans après La 317e section, il avait souhaité que Les Derniers Hommes – qui allait se révéler être son dernier long métrage soit un film de guerre – soit un film de guerre très noir, Bouclant ainsi une carrière originale. Parmi les interprètes des Derniers hommes, on notera la présence d’un autre Perrin, l’un des fils de Jacques, dont le doux prénom ne peut qu’émouvoir tous les fans de Jacques Demy : Maxence…
Les Derniers Hommes est un film réalisé par David Oelhoffen avec Guido Caprino, Nuno Lopes. En salle le 21 février
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