LES DAMNÉSQuand mal absolu et homo-érotisme trouble se confondent dans le nazisme. Visconti au sommet de son style folle-opéra.“Le nazisme, c’est un délire esthétique qui devient un enjeu politique” a écrit en substance Walter Benjamin. C’est comme si Luchino Visconti avait voulu ici illustrer cette phrase. Hitler rêvait d’un peuple d’aryens musclés au profil parfait […]
LES DAMNÉS
Quand mal absolu et homo-érotisme trouble se confondent dans le nazisme. Visconti au sommet de son style folle-opéra.
« Le nazisme, c’est un délire esthétique qui devient un enjeu politique » a écrit en substance Walter Benjamin. C’est comme si Luchino Visconti avait voulu ici illustrer cette phrase. Hitler rêvait d’un peuple d’aryens musclés au profil parfait ? Visconti ébauche ce monde en n’en éludant ni l’horreur (ce qui n’est pas très original), ni l’attrait érotique (ce qui l’est déjà bien plus). Il emboîte habilement l’histoire de la famille Essenbeck, une dynastie dont la fortune repose sur des aciéries, à celle de l’Allemagne nazie. Mais il ne se borne pas à stigmatiser le nazisme : il en fait une figure du mal, et ose donner à ce mal sa séduction trouble, son ambiguïté, son érotisme équivoque. La scène la plus grandiose de cet opéra wagnérien, est celle, de la Nuit des longs couteaux : avant d’être assassinés par les SS, les SA se livrent à une immense orgie, surtout homosexuelle. La chemise brune se mêle aux perruques et faux cils portés par des athlètes aryens. Erotisme de la décadence. Décadence de l’érotisme. Un personnage symbolise ce mal absolu à la séduction trouble : Martin, le petit-fils, interprété avec morgue par Helmut Berger. De la première scène transgressive où il singe Marlène Dietrich au meurtre précédé du viol de sa mère en passant par celui d’une petite Juive, il passe par tous les stades du mal. Montrant la beauté « terrible » des anges de Rilke, Visconti porte son réalisme lyrique à des sommets.
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