LES CONTES DE CANTERBURYde Pier Paolo Pasolini, avec Hugh Griffith, Joséphine Chaplin, Laura Betti (1972, Italie, 111 mn) Orgueil, luxure, envie, gourmandise… Dans ce deuxième volet de La Trilogie de la vie, Pasolini met en scène l’humanité face à ses soifs existentielles. Si la mélodie rustique d’un cul qui pète bruyamment vous glace d’effroi, peut-être […]
LES CONTES DE CANTERBURY
de Pier Paolo Pasolini, avec Hugh Griffith, Joséphine Chaplin, Laura Betti (1972, Italie, 111 mn)
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Orgueil, luxure, envie, gourmandise… Dans ce deuxième volet de La Trilogie de la vie, Pasolini met en scène l’humanité face à ses soifs existentielles.
Si la mélodie rustique d’un cul qui pète bruyamment vous glace d’effroi, peut-être ce film heurtera-t-il votre délicate sensibilité. Car ça chie, ça pète et ça pisse copieusement tout au long d’un film dont l’inoubliable scène finale n’est rien moins qu’une des plus grandioses séquences de scatologie de l’histoire du cinéma : le diable, au milieu de l’enfer, dans une dantesque symphonie de pets, chie l’humanité pécheresse.
En adaptant huit fables morales de Geoffroy Chaucer, poète anglais du XIVe siècle, Pasolini met en scène les limites de la soif d’avoir et de vouloir toujours plus. Roueries, vols, adultères, meurtres, goinfrerie… Pasolini montre les limites de tout processus de consommation à travers son aboutissement logique, la défécation. Il ne tourne pas autour du pot et fait moins dans la fable morale que dans le conte burlesque : l’humanité est faite de « ça ».
Les amateurs pourront se régaler d’un plan « uro » en bonne et due forme dans une taverne, lorsqu’un beau jeune homme inonde de sa pisse chaude un aréopage d’ivrognes. Les soûlards râlent, jurent, mais ils rigolent aussi, abondamment. La pisse n’est pas encore ce fluide glacial de la culpabilité. Le puritanisme n’a pas encore accompli de manière définitive son travail de sape sur ce fondement de l’humanité : le corps. Car ce qui domine l’ensemble des Contes de Canterbury, c’est le cul, un cul rabelaisien, celui de l’éloge du torche-cul, un cul flatulent, roublard, expansif et à travers lui l’image d’un corps joyeux, décomplexé, débordant d’envies et de vie.
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