Les difficultés d’une famille amérindienne mises en scène avec une admirable proximité.
Coproduit par Forest Whitaker et réalisé par Chloé Zhao, jeune Chinoise aventureuse, cette fiction sur la vie dans la réserve de Pine Ridge, dans le South Dakota – haut lieu d’une tragédie amérindienne, le massacre de Wounded Knee –, s’est nourrie d’une proximité rare de la cinéaste avec son sujet.
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Au lieu de plier le réel à sa fiction, elle a constamment remodelé l’écriture du scénario et le tournage sur les événements quotidiens survenant à Pine Ridge. On peut parler d’une fiction en immersion. A quelques exceptions près, elle a été tournée avec des non-professionnels, tous d’origine indienne (de la tribu des Lakotas principalement).
Cela tourne autour d’une famille typique : père disparu, mère seule avec trois enfants, dont un en prison. Johnny termine ses études secondaires et trafique de l’alcool (denrée prohibée car elle décime la population), sa petite sœur Jashaun le suit à la trace et tente de se faire de l’argent de poche. Autour d’eux, le rodéo, la violence, le hip-hop, l’amour, la mort… La vie des ghettos de banlieue transposée dans les grands espaces du western.
Un aspect presque mythique
Qui dit espaces physiques dit également trouées dans la fiction, littéralement phagocytée par la nature ; celle-ci a une fonction presque régulatrice, voire apaisante, à l’opposé de la ville, accélérateur de pulsions. D’où, malgré une situation générale plutôt dramatique (violence, alcoolisme, prison, pauvreté…), la relative douceur du film.
Comme le titre du film le suggère, cette chronique d’un peuple en (dé)perdition, qui tente tant bien que mal d’acclimater ses traditions dénaturées à la modernité anglo-saxonne, a un aspect presque mythique. La douceur du regard de l’ange candide du film, Jashaun, truchement par lequel on observe le frère se débattre contre la fatalité et contre l’emprise de la communauté, magnifie cette œuvre aussi simple qu’entêtante.
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