Avez-vous des souvenirs de cinéma liés à l’enfance ? Oui, beaucoup. Je me souviens en particulier d’un cycle fantastique qu’Antenne 2 avait consacré à Lon Chaney : une dizaine de films en tout, comme ceux de Tod Browning par exemple. Ça a été ma première grande découverte de cinéma. Plus petite, j’avais été très marquée […]
Avez-vous des souvenirs de cinéma liés à l’enfance ?
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Oui, beaucoup. Je me souviens en particulier d’un cycle fantastique qu’Antenne 2 avait consacré à Lon Chaney : une dizaine de films en tout, comme ceux de Tod Browning par exemple. Ça a été ma première grande découverte de cinéma. Plus petite, j’avais été très marquée par une diffusion à la télévision de Nosferatu, que j’avais regardé en cachette, même si je crois que mes parents savaient pertinemment ce que je faisais.
Parlez-nous de votre réalisateur favori.
La première fois que j’ai vu un film de Kurosawa, j’ai été bouleversée comme jamais depuis. C’est vraiment le cinéaste avec lequel j’ai eu le plus grand choc. Le film que je regarde le plus souvent, c’est Les Sept samouraïs. J’ai les images de ses films en tête en permanence, et c’est même pire que ça, je cherche désespérément à comprendre comment il met en scène des plans que j’aimerais reprendre et que je n’arrive pas à reprendre. Ces plans magnifiques de brouillard, par exemple, ça me donne envie de pleurer… Je continue à aller beaucoup au cinéma. Je ressens toujours, et j’espère que ça ne me quittera jamais, une joie immense quand la lumière s’éteint et quand le rideau s’ouvre, c’est mon moment préféré au cinéma. J’essaie de voir tous les premiers films, tout ce qui sort en général. Des classiques aussi, j’en ai vu beaucoup.
Comment décririez-vous votre rapport à la lecture ?
Je lis surtout des romans et des nouvelles. La personne qui m’a le plus touchée en littérature, c’est Dostoïevski. La première fois que je l’ai lu, j’ai eu un choc équivalent à celui provoqué par la découverte de Kurosawa. J’ai commencé par Le Joueur. J’aime avoir en permanence un livre en cours, et je lis aussi beaucoup pour le travail. Là, je viens de découvrir Cormac McCarthy, et j’ai été très impressionnée par cet homme, ça faisait longtemps que je n’avais pas connu un pareil choc avec un auteur contemporain. Je trouve ses écrits magnifiques… Marie NDiaye aussi, que j’ai lu cet été, je trouve ça formidable. Le théâtre, je n’y suis pas très sensible, je serais plus tentée d’en lire que d’aller voir des pièces, ou alors vraiment du classique, ou encore Beckett. Sinon, je relirai toujours Dostoïevski, et tous les grands… Je suis un peu obsessionnelle avec la lecture, alors j’ai mis au point un système qui est absurde mais qui me convient, comme ça je n’ai pas l’impression d’être perdue dans l’immensité de la littérature : je lis un auteur par lettre alphabétique, et c’est une règle absolue à laquelle je ne déroge pas, sauf pour le travail. Il n’y a que pour Dostoïevski et Lovecraft que j’ai dépassé l’alphabet pour lire leur oeuvre. Mais sinon, je me focalise sur une lettre, je fais le tour de l’alphabet et je recommence, et c’est comme ça depuis que j’ai 12 ans. C’est débile, mais la littérature, c’est tellement énorme pourquoi devrais-je lire Flaubert plutôt ? , et pour moi c’est comme une panique. Parfois, on est proche de l’obsession, et cette manière d’aborder la littérature est comme un moyen de contrôle.
Votre rapport à la musique ?
Je vis avec une personne qui est très sensible à la musique. J’ai donc la chance immense de pouvoir découvrir à peu près tout ce qui se fait actuellement, sans avoir à me déplacer ni à chercher par moi-même. Ce que je préfère, en ce moment, c’est Transglobal Underground et L’Attirail, dont j’ai utilisé la musique pour mon film, et plus généralement tout ce qui est pakistanais, tout ce qui se conçoit dans les communautés de Londres, les musiques du monde… Le dernier concert que j’ai vu, c’était Mink De Ville, mais quand je sors, je vais surtout au cinéma, je ne pense pas à aller aux concerts. Je voulais voir aussi Natacha Atlas et Rage Against The Machine, que j’adore. Le jazz, je déteste ça, j’en ai horreur. Cette musique m’angoisse, j’ai l’impression que c’est sans fin, que ça ne s’arrêtera jamais, un cauchemar.
Vous sentez-vous attirée par d’autres domaines artistiques ?
La photographie, j’ai un peu de mal à me plonger dedans, parce que ce qui fait que j’aime le cinéma, c’est le mouvement, et que rares sont les photographes qui réintroduisent ça dans leur travail. Maintenant, quand je tombe sur une photo qui échappe justement à ce que j’appelle « la photo », c’est génial. J’avais vu le travail de Claudine Doury à La Villette et j’avais trouvé ça sublime… Par contre, j’aime beaucoup la peinture. Là, je suis moins obsessionnelle, donc je ne procède pas par ordre alphabétique, mais je vais dans les musées dès que je peux. J’ai habité un an en Italie, alors je connais assez bien la peinture de la Renaissance italienne, et celle du Moyen-Age, qui m’a beaucoup troublée. Je n’aime pas beaucoup l’idée du musée, mais ce que j’adore, c’est d’y aller un quart d’heure et repartir très vite, après avoir contemplé un seul tableau. J’ai des enfants qui ont 8 et 4 ans, et j’aime énormément les emmener pour leur montrer un tableau précis, unique. J’aime cette idée de partage avec ses enfants. On leur fait découvrir ce qu’on apprécie, ce qui est une manière de re-revoir ce qu’on a aimé : c’est vrai de la peinture, de la musique, de tout.
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