Ce teen-movie dresse un portrait sensible de la Corse d’aujourd’hui.
Western ou plongée dans le Paris des “fortifs” au début du XXe siècle ? Ni l’un ni l’autre, mais nul doute que les jeunes Corses filmés par Thierry de Peretti sont vus ici comme de lointains descendants des Indiens d’Amérique et des gangs parisiens d’antan.
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Les Apaches débute un peu comme The Bling Ring de Sofia Coppola : des ados s’introduisent la nuit dans une villa déserte, profitent de la piscine, se soûlent… Mais au lieu de voler des Louboutin, ils dérobent des fusils, mettant inconsciemment en branle un engrenage dangereux.
A partir de cette amorce de fait divers, de Peretti dresse un portrait sensible et complexe de la Corse contemporaine. La bande d’ados est composée de Corses “de souche” et de Corses “beurs”. Entre eux, un peu de racisme larvé, mais une complicité de jeunes face aux adultes et de Corses contre les continentaux. A l’étage générationnel supérieur, celui des adultes, le film montre le racisme paternaliste avéré des Corses qui considèrent les Arabes comme leurs éternels larbins ainsi que les liens qui unissent les demi-parrains locaux aux riches continentaux propriétaires de luxueuses résidences secondaires.
Soucieux d’éviter le manichéisme, de Peretti pèle minutieusement l’entrelacs d’antagonismes entre classes sociales, générations, origines ethniques, îliens et métropolitains, travailleurs et touristes – autant de conflits larvés qui se superposent en se croisant. Le portrait de la Corse passe aussi par ses paysages, naturels ou urbains, sur lesquels le réalisateur pose un regard attentif, insistant sur les constructions sauvages et zones péri-urbaines qui font le bonheur des promoteurs (et sans doute des barons semimafieux) mais enlaidissent l’île de Beauté.
Les Apaches n’est pas seulement un drame social et une vue en coupe de la Corse, c’est aussi un beau teen-movie porté par des acteurs débutants mais tous remarquables. Teen-movie certes, mais la scène d’ouverture était une fausse piste : Les Apaches évoque plus les écorchures des ragazzi pasoliniens ou la fièvre des olvidados buñueliens que le cauchemar climatisé de Sofia Coppola et du nowhereland californien plaqué or.
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