Ça commence comme dans un film de John Woo. Ou plutôt comme dans un film de quelqu’un qui aime bien John Woo mais qui n’a finalement rien compris à son art de la mise en scène. Quelqu’un qui s’imagine que, pour faire du John Woo, il suffit de situer l’action à Hong-Kong, de lâcher devant […]
Ça commence comme dans un film de John Woo. Ou plutôt comme dans un film de quelqu’un qui aime bien John Woo mais qui n’a finalement rien compris à son art de la mise en scène. Quelqu’un qui s’imagine que, pour faire du John Woo, il suffit de situer l’action à Hong-Kong, de lâcher devant la caméra une foultitude de gangsters chinois appartenant aux Triades et armés de flingues gros comme des bazookas, d’enregistrer chaque coup de feu en 48-pistes dolby stéréo et de sur découper le film en une succession de plans virtuels qui durent deux secondes « pour faire rapide ». Ensuite, ça continue sur une idée totalement géniale, du jamais vu. On laisse Jean-Marie Poiré nous la dévoiler lui-même : « Réunir deux comédiens d’apparence physique opposée. La confrontation des deux silhouettes augmente la fragilité de l’un et le côté imposant de l’autre. Comme un petit chauve qui arrive avec une grande blonde ou comme Laurel et Hardy. C’est toujours amusant, ces contrastes. «
Fallait y penser. On quitte donc Hong-Kong et John Woo pour la France où le duo « Clavier le cureton qui ne jure que par Dieu/Depardieu le margoulin qui ne jure que par le clavier de sa calculette » nous embarque dans un best of de comédie à la française, une virée anthologique de Don Camillo/Fernandel à Oury/de Funès.
L’histoire n’a plus aucune importance, ce qui compte, c’est de maintenir ensemble et à tout prix Clavier et Depardieu, histoire d’enchaîner une série de gags et de quiproquos tous plus désopilants les uns que les autres : ce sacré Clavier a la diarrhée alors que les cabinets sont occupés ; dans l’avion, on balance des boulettes sur un gros Coréen – fendage de gueule assuré ; Clavier pique en loucedé le dessert à Depardieu ? sacré farceur ; ce blagueur de Depardieu bute un Noir qui parlait mal le français – émouvant hommage au grand Sébastien ; Depardieu et Clavier sont amenés à dormir ensemble mais ce diable de Depardieu ronfle au pieu ; les truands chinetoques se font ridiculiser par nos compères gaulois – ah, ah ! génial ! Le filon de gaudriole s’épaissit quand, reprenant la formule gagnante des Visiteurs, le duo est dédoublé par ses anges gardiens. Action endiablée, grosse marrade, mais ce n’est pas tout ! Depardieu est patron d’une boîte genre Crazy Horse, ce qui permet, mine de rien, un bon petit matage de meules. Les Anges gardiens, un cocktail détonant de testostérone, de poilade à la bonne franquette et de nichons de toutes les couleurs. Osons ! A la fin du film, faut accrocher les ceintures, y a le fameux bêtisier. Putain, le niveau des vannes. Même entre les claps, la rigolade n’arrêtait pas. Sacré duo ! Un truc vraiment dommage, c’est que le meilleur gag n’est pas dans le film mais dans le dossier de presse. Le voici texte, avec ses graisses typographiques : « Pendant des années, le cinéma français était vraiment au niveau du cinéma américain. Les metteurs en scène avaient une technicité étourdissante que tout le monde enviait ! C’était avant que la Nouvelle Vague ne débarque. »
Là, l’équipe des Anges gardiens rejoint Charlot, les Marx Brothers, Lubitsch, Woody Allen, Paul Préboist et Henri Guybet au panthéon de la pliure en quatre et du boyautage de celluloïd. Arrêtez les gars, nos zygomatiques vont lâcher !
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