A quelques heures de l’ouverture de la 70e édition du festival de Cannes, sélection subjective des films les plus attendus de cette année.
Okja de Bong-Joon Ho (compétition)
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Dix ans après The Host, Bong Joon-Ho revient au film de monstre avec Okja. Mais cette fois-ci, le monstre laisse place à une entité beaucoup moins hostile : un immense cochon domestique, meilleur ami d’une petite fille. Comme souvent chez le cinéaste sud-coréen, le genre fantastique devrait servir métaphoriquement une fable mordante et politique sur notre société contemporaine. Produit par Netflix, ce deuxième film hollywoodien du réalisateur (après Snowpiercer, Le Transperneige en 2013) réunira entre autre Jake Gyllenhaal et Tilda Swinton. On avoue avoir du mal à retenir notre enthousiasme.
Wonderstruck de Todd Haynes (compétition)
Retour en compétition officielle pour Todd Haynes deux ans après le très beau mélo Carol. Le réalisateur californien présente cette année Wonderstruck, d’après le roman de Brian Selznick (L’Invention de Hugo Cabret). Le film suivra deux enfants sourds vivant à cinquante ans d’écart mais étrangement connectés l’un à l’autre. Un pitch mystérieux qui sera incarné à l’écran par un duo féminin extrêmement prometteur, Michelle Williams et Julianne Moore, déjà réuni en 2007 dans I’m Not There du même cinéaste.
Barbara de Mathieu Amalric (un certain regard)
https://www.youtube.com/watch?v=DE2IDDAoUJI
Mathieu Amalric, metteur en scène, prépare un film sur la chanteuse Barbara. Jeanne Balibar prépare son rôle dans les moindres gestes, jusqu’au mimétisme. La frontière entre la fiction et la réalité s’atténue alors et le spectre de la dame en noir finit par envahir la comédienne. Sept ans après Tournée reparti avec le prix de la Mise en scène, Mathieu Amalric revient avec un film miroir qui s’annonce vertigineux.
Good Time de Ben et Joshua Safdie (compétition)
« Good Time » de Ben et Joshua Safdie Ad Vitam Distribution
Depuis quelques années, Ben et Joshua Safdie incarnent avec brio une mouvance du cinéma new-yorkais indépendant. Tournés le plus souvent à l’arrache, dans un certain héritage de Cassavetes, leurs films avaient fait un tour remarqué par la Quinzaine des réalisateurs en 2009 avec Lenny and the Kids puis à la Mostra de Venise en 2014 avec l’errance sous psychotrope Mad Love in New York. Troisième opus réalisé ensemble, Good Time marque la première incursion des frangins dans la sélection officielle. Un thriller porté par Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh autour d’un hold-up raté dans les bas-fonds de New York qui risque bien de dynamiter la Croisette…
D’après une histoire vraie de Roman Polanski (hors compétition)
« D’après une histoire vraie » de Roman Polanski Copyright Mars Films
Ajout de dernière minute, Roman Polanski sera bien présent cette année sur la croisette mais cette fois-ci hors compétition quatre ans après le huis-clos érotique de La Vénus à la fourrure. Emmanuelle Seigner, muse et femme du cinéaste, incarnera Delphine dans D’après une histoire vraie (adaptation du roman éponyme de Delphine de Vigan) une romancière à succès, en mal d’inspiration. Un trouble renforcé par de mystérieuses lettres l’accusant d’avoir sali sa famille dans son dernier roman. Son chemin croisera celui de Elle (aussi corrosive que celle de Paul Verhoeven ?), l’incandescente Eva Green, d’abord compréhensive aux maux de la femme puis peu à peu nouant une relation toxique voire vampirique avec cette dernière.
Les fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin (hors compétition)
Présenté en hors compétition (et donc, pour notre plus grand regret, exclu de la course aux récompenses) le nouveau film d’Arnaud Desplechin devrait offrir une image des plus glamour pour lancer les festivités cannoises. On espère retrouver dans ce chassé-croisé amoureux tous les thèmes chers au cinéaste. Loin du confort de Roubaix (ville de naissance omniprésente dans sa filmo) c’est cette fois-ci en pleine mer, sur l’île de Noirmoutier précisément, que Desplechin placera sa nouvelle intrigue. Après avoir sondé les premiers amours dans Trois souvenirs de ma Jeunesse, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2015, c’est à ceux du passé qu’Arnaud Desplechin s’intéressera à travers son trio composé d’Ismaël (Mathieu Amalric) Sylvia (Charlotte Gainsbourg) et la revenante Carlotta (Marion Cotillard). Une histoire de réminiscence et de fantômes à découvrir en salle dès aujourd’hui.
The Day After et La Caméra de Claire d’Hong Sang soo (compétition et séances spéciales)
La simple annonce d’un nouveau film d’Hong Sang Soo suffit à nous ravir, alors autant dire que le doublon cannois de cette année est plus qu’excitant ! Le très prolifique cinéaste coréen (trois films cette année, rien que ça) connaitra pour la première fois le prestige de la compète officielle où il présentera The Day After, une histoire d’adultère sur fond de quiproquos. On retrouvera également en séances spéciales La Caméra de Claire, tourné en catimini il y’a tout juste un an durant le festival de Cannes, avec la tout aussi stakhanoviste Isabelle Huppert, cinq après leur première rencontre sur In Another Country.
Ava de Léa Mysius (Semaine de la critique)
Chaque festival connait son lot de nouveautés et de révélations. Léa Mysius, scénariste sur Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin, pourrait être l’une de cette 70e édition. La jeune cinéaste, passée par les rangs de la Femis, présentera son premier long métrage Ava à la Semaine de la Critique. L’histoire d’Ava, 13 ans (incarnée par la novice Noée Abita) qui, en vacances avec sa mère (la géniale Laure Calamy), apprend qu’elle est en train de perdre la vision. Au vu des premières images solaires du film on attend avec impatience cette histoire d’amour et d’apprentissage.
The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach (compétition)
« The Meyerowitz Stories » de Noah Baumbach Copyright Netflix
Autre trublion arty de cette année : l’Américain Noah Baumbach, qui pour sa première fois à Cannes entrera par la grande porte de la compétition officielle. Le cinéaste présentera The Meyerowitz Stories, l’histoire d’une fratrie new-yorkaise (Adam Sandler, Ben Stiller, Emma Thompson) soucieuse du devenir de son père vieillissant (Dustin Hoffman). Si les festivaliers auront le privilège de découvrir le film en salle, il est peu probable que les spectateurs aient cette chance. Produit par Netflix (comme Okja de Bong Jong Hoo), le film sera exclusivement diffusé sur la plateforme VOD au grand dam des cinéphiles et des exploitants de cinéma.
120 battements par minute de Robin Campillo (compétition)
« 120 battements par minute » de Robin Campillo (© Céline Nieszawer)
Cette année, la compétition officielle fait preuve d’un certain éclectisme en élargissant ses rangs et en accueillant un grand nombre de nouvelles recrues. Robin Campillo en fait partie. Le réalisateur (Eastern Boys) et scénariste reconnu (Entre les murs) présentera 120 battements par Minute, chronique qui revient sur le début du mouvement militant Act-Up, fondé en juin 1989 et engagé dans la lutte contre le sida. Un film choral où histoire politique et intime, lutte collective et amoureuse devraient s’entrechoquer. Des ingrédients qui font de 120 battements par minute probablement l’un des films les plus excitants de ce festival
Jeannette, l’enfance de Jeanne D’arc de Bruno Dumont (Quinzaine des réalisateurs)
https://www.youtube.com/watch?v=GuqENb11uac
Depuis sa minisérie P’tit Quinquin en 2014 puis Ma Loute l’année dernière, Bruno Dumont semble sur une autre planète. Sans renoncer à l’ascétisme mystique qui caractérisait son œuvre, le cinéaste y a juste inséré – et c’est déjà énorme – une bonne pincée de burlesque et d’absurde. Avec Jeannette présenté à la Quinzaine cette année, le cinéaste met encore les bouchées doubles : une comédie musicale électro-pop-rock sur l’enfance de Jeanne d’Arc inspirée par les écrits de Charles Péguy. Cela pourrait faire penser à une réplique du Kamoulox mais non, c’est bien le nouveau projet d’un des cinéastes les plus détonants du cinéma français.
Les Proies de Sofia Coppola
Cette année la palme du glam est d’avance attribuée au nouveau film de Sofia Coppola. Le combo Elle Fanning, Nicole Kidman (omniprésente cette année avec pas moins de quatre films en lice) et Collin Farrell pour le remake sexy du film de Don Siegel, Les Proies, nous rend déjà fous d’impatience.
L’Amant d’un jour de Philippe Garrel (Quinzaine des réalisateurs)
Après une rupture, Esther retourne vivre chez son père. Elle découvre que celui-ci est en couple avec une jeune femme de son âge. Les amours contrariés, un des thèmes privilégiés du cinéaste, seront donc à l’honneur de L’Amant d’un jour qui marque la troisième collaboration Philippe, le père et sa fille Esther après Sauvage innocence en 2001 et La Jalousie en 2013. Eric Caravaca et Louise Chevillotte complètent la distribution de ce drame sentimental sur fond de complexe d’Electre.
Twin Peaks de David Lynch (70ème anniversaire)
https://www.youtube.com/watch?v=vsdRG0mJj-w
Welcome back to Twin Peaks… Alors qu’au début des années 90 la série de David Lynch bousculait magistralement les codes de la série télé, Twin Peaks revient en exclusivité pour Cannes en présentant les deux premiers épisodes de la saison 3. Si le cinéaste a déclaré ne plus vouloir réaliser de film, c’est à travers la série et cette nouvelle saison qu’il risque de nous imposer un nouveau choc.
Happy End de Michael Haneke
« Happy End » de Michael Haneke Copyright Les Films du Losange
Cinq ans après le sacre d’Amour, l’Autrichien Michael Haneke, grand habitué de la compète officielle (six sélections et quatre fois primé) sera de la partie avec Happy End, portrait qu’on imagine acerbe d’une famille bourgeoise de Calais confrontée à la crise migratoire. Au casting on retrouvera Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant ainsi qu’un nouvel arrivant : Mathieu Kassovitz.
Bonus
Cette année, parmi la riche sélection de courts métrages on retient particulièrement celui du duo français Caroline Poggi et Jonathan Vinel, dont les derniers films avaient recueilli notre enthousiasme, qui présentera After School Knife Fight à la Semaine de la critique, « l’histoire de ces jeunes adultes qui n’ont pas envie de se dire au-revoir“. Dans la même section, Yann Gonzalez, de retour au court après Les Rencontres d’après minuit, présentera Les Iles.
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