Pour son premier long métrage, la cinéaste écossaise Eva Riley signe le portrait plein de vie d’une jeunesse frémissante.
Tandis que beaucoup de réalisateur·trices de premiers films s’essoufflent à exhiber la grande sophistication de leur signature, l’élégance du film d’Eva Riley est de laisser croire à celui·celle qui le regarde que tout glisse avec évidence (à commencer par son irrésistible duo d’acteurs, Frankie Box et Alfie Deegan, qui vous accrochent en un regard).
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La nature de ce surgissement est d’autant plus louable qu’il intervient au sein de deux territoires de cinéma bien identifiés, bien codifiés : d’un côté la chronique sous la grisaille anglaise, de l’autre, le film de danse émancipateur.
Or, c’est en ne traitant frontalement aucun des deux sujets, en les plaçant volontairement en arrière-plan de son véritable noyau d’étude (la rencontre de deux corps), que le film parvient à se dégager d’un héritage qui aurait pu être trop encombrant.
L’Envolée prend ainsi à revers toute une tendance du film social : autant dans ses signes (les paysages enfumés laissent ici place à des champs ensoleillés) que dans son récit, ici délesté du programme habituel (obstacle-résistance-obstacle) et de ses figures parfois manichéennes.
Un objet minutieusement taillé, poli et équilibré
Jamais surlignée, l’observation sociologique n’en ressort que grandie en laissant au centre de l’image le portrait crépitant d’une jeunesse en quête d’air, des premiers poils qui se hérissent, des cœurs tambourinant l’un contre l’autre sur une moto.
A la fois si ténu et si sûr de ce qu’il filme, L’Envolée paraît simple. Il faudra bien sûr y lire le contraire : un objet minutieusement taillé, poli et équilibré dans lequel la jeune cinéaste écossaise est parvenue à un seuil remarquable de maturité et de justesse pour un premier long métrage.
L’Envolée d’Eva Riley, avec Frankie Box, Alfie Deegan (G.-B., 2020, 1h23). En salle le 8 juillet
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