Le cinéaste se fait archéologue et organise les noces du sport et du cinéma.
En 2001, JLG déclarait dans les colonnes de L’Equipe : “Le cinéma ment, pas le sport.” La citation ouvre ce documentaire réalisé par Julien Faraut, responsable des archives à l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) et déjà réalisateur d’Un regard neuf sur Olympia 52 (2013).
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Comme ce premier long métrage qui s’intéressait au tout premier film que Chris Marker réalisa sur les Jeux olympiques de 1952, L’Empire de la perfection passe par un filtre à trois niveaux : celui du sujet, de son observateur et de l’archéologue. Si le premier est donc le sujet sportif, ici John McEnroe, le second est l’auteur des images d’archives, dans le cas présent Gil de Kermadec.
Considéré comme le premier réalisateur du tennis, il est l’auteur de Roland Garros avec John McEnroe (1984). Ce documentaire sert de colonne vertébrale à L’Empire de la perfection et Julien Faraut se glisse une nouvelle fois dans le rôle de l’archéologue. Mais qu’exhume-t-il au juste ? Faisant régulièrement intervenir la figure de Serge Daney, il tente de battre en brèche la cloison qui s’est petit à petit érigée entre le sport et la culture, entre la captation du sport et le cinéma, pourtant nés au même moment.
Sous la forme d’une étude de cas, Julien Faraut démontre ici qu’ils sont faits des mêmes ingrédients : la captation du mouvement, le regard d’un réalisateur, la performance d’acteurs, le procédé d’identification, l’utilisation du ralenti, l’importance du montage et l’invention du temps. Si l’ensemble frôle par moments un didactisme un peu insistant, L’Empire de la perfection réussit le pari de son (re)mariage entre sport et cinéma.
L’Empire de la perfection de Julien Faraut (Fr., 2018, 1 h 30)
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