Le portrait un peu convenu d’une streap-teaseuse, mais la révélation d’une actrice.
Une jeune femme solitaire, écartelée entre la prise en charge de sa vieille grand-mère, ses études à Sciences Po et son job de strip-teaseuse la nuit, oscillant entre Le Havre et Paris, la précarité et les hautes sphères estudiantines, la solitude et les hommes.
Léa est en guerre avec les autres et contre elle-même.Difficile de se singulariser avec un tel sujet et un tel matériau, pléthoriques dans le cinéma d’auteur.
Dans un premier temps, on pense que Bruno Rolland n’y parviendra pas, et que Léa ne sera qu’un honorable film de plus sur le malaise social actuel et sur la question féministe.
Mais le cinéaste présente une carte maîtresse dans son jeu en la personne de l’actrice Anne Azoulay, qui cosigne le scénario. A vif durant tout le film, elle atteint un sommet dans une scène de sexe (avec Eric Elmosnino, très bon aussi), passage à la fois intense et délicat dans ce qu’il révèle du personnage et qui pourrait sortir d’un film de Jean-Claude Brisseau.
La séquence d’éveil postsexe est également remarquable. C’est avec de tels moments de pur cinéma que Léa est à son meilleur et que Bruno Rolland rehausse les aspects plus convenus ou explicatifs de son film.