LE VOYAGE DE FÉLICIAd’Atom Egoyan, avec Bob Hoskins, Elaine Cassidy, Arsinée Khanjian (1999, Can., 116 mn, VO) Avec ce film, Atom Egoyan continue de réchauffer son système formel un peu glacé au contact de l’épaisseur romanesque. Histoire d’une rencontre entre un ogre et sa proie, Le Voyage de Félicia dépasse les conventions pour raconter la […]
LE VOYAGE DE FÉLICIA
d’Atom Egoyan, avec Bob Hoskins, Elaine Cassidy, Arsinée Khanjian (1999, Can., 116 mn, VO)
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Avec ce film, Atom Egoyan continue de réchauffer son système formel un peu glacé au contact de l’épaisseur romanesque.
Histoire d’une rencontre entre un ogre et sa proie, Le Voyage de Félicia dépasse les conventions pour raconter la guérison de deux solitaires. L’un, Lui, la Bête, l’Ogre, le Loup, vit à l’intérieur d’une nature morte : Hilditch vit en vase clos, dans un système strictement codifié, bouclé à double tour dans un dispositif d’existence qui ne souffre pas l’improvisation. L’autre, Elle, la Belle, la Victime, le Petit Chaperon bleu, s’échappe pour la toute première fois. Elle laisse derrière elle l’Irlande, son père et son village, la honte d’être enceinte, d’avoir été séduite puis abandonnée. L’un va rencontrer l’autre, bien sûr, après un long parallélisme entre ces deux solitudes qui s’appellent. C’est dans cette première partie du film qu’Egoyan grand cinéaste systématique des liens secrets et des équations
à plusieurs inconnues donne le meilleur de lui-même. Depuis ses quatre premiers essais (Next of Kin, Family Viewing, Speaking Parts, The Adjuster) jusqu’au film charnière qu’a été De beaux lendemains, en passant par Calendar et Exotica, beaux films de transition, tout son effort a consisté à accorder toujours plus de chair dramaturgique et d’épaisseur humaine à son goût pour les machines voyeuristes et glacées. Ce qu’a gagné le cinéma d’Egoyan en se confrontant à des textes littéraires (Russell Banks avec De beaux lendemains, puis William Trevor pour ce Voyage de Félicia), c’est la profondeur psychologique invisible qui lui faisait défaut. Ainsi lesté d’histoires tranquillement fortes, Egoyan peut s’affirmer encore davantage comme le grand styliste qu’il a toujours été.
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