Un objet étrange sorti des oubliettes où Lonsdale et Luchini
improvisent telles des superstars warholiennes.
Chaque année qui s’écoule apporte son lot d’incunables et d’inédits inouïs. Il s’agit souvent d’œuvres particulières passées inaperçues ou incomprises lors de leur conception. C’est le cas du Vivarium, film expérimental des années 70 – époque d’explorations aussi naïves que dénuées de tabous –, tourné par Jacques Richard, employé de la Cinémathèque devenu réalisateur, avec Michael Lonsdale, Fabrice Luchini, la piquante (chanteuse) Catherine Ribeiro et une poignée de figurants. Trois décors : un studio vide, un pré, et la Cinémathèque de Chaillot. Aucun scénario, aucun dialogue préexistant. Les comédiens sont priés de faire ce qui leur chante. En fait, ils ne sont priés de rien. Ils sont posés devant le cadre, vaguement costumés, parfois munis de fusils pour faire genre. On dirait une affiche (révolutionnaire) ou une pochette de disque. Mais c’est un film et ils s’expriment, en trahissant toutes sortes d’inhibitions, une retenue montrant combien les acteurs dépendent du regard et de la direction du metteur en scène, substitut paternel, et sont déphasés lorsqu’on leur restitue leur libre arbitre. La nature ayant horreur du vide, les plus expansifs finissent par monopoliser la parole, notamment Luchini, qui était déjà celui qu’on connaît en 1975, faisant alterner couplets gauchistes de circonstance et chapelet de citations. Lonsdale est lui aussi égal à lui-même, matois, réfléchi et sentencieux. Un spectacle d’une pureté saisissante, d’une radicalité presque warholienne.
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