On découvrait avec ravissement Patrick Mimouni il y a cinq ans avec Villa mauresque, son premier long métrage : un film de folle, à ranger quelque part entre Mort à Venise de Visconti et Hôtel des Amériques de Téchiné. La cuvée Mimouni 98 est toujours aussi folle mais beaucoup plus contemporaine. Thématiquement et topographiquement, Le […]
On découvrait avec ravissement Patrick Mimouni il y a cinq ans avec Villa mauresque, son premier long métrage : un film de folle, à ranger quelque part entre Mort à Venise de Visconti et Hôtel des Amériques de Téchiné. La cuvée Mimouni 98 est toujours aussi folle mais beaucoup plus contemporaine. Thématiquement et topographiquement, Le Traité du hasard est un film de la fin des années 90. Dans les rues du Marais à Paris, de bars en restaurants, de soirées en backrooms,
Mimouni filme la chronique d’une bande d’amis, tous pédés mais d’âges et de vécus différents, qui tentent tant bien que mal de vivre ensemble. Point commun outre leur homosexualité : leur rapport à la séropositivité. C’est sans doute en cela que le film est le plus contemporain. Ainsi, le personnage de Julien, gigolo au corps de statue qui développe la maladie et finira par retrouver la forme grâce à la trithérapie. Un retournement de scénario qu’on n’avait encore pas vu au cinéma, et qui vient à point nommé… Cette captation quasi documentaire du vécu des pédés d’aujourd’hui est la grande force mais sans doute aussi la limite du film de Patrick Mimouni. Force parce qu’il multiplie les portraits, attachants mais pas forcément flatteurs. Le beau gig est insensible. Le personnage de Nini Crépon, sorte de condensé d’Alain Pacadis, Michel Cressole et Louella Intérim, est une vieille folle consciente de ses échecs, mais qui du coup n’hésite pas à révéler les leurs aux autres. Et dans son propre rôle, le réalisateur ne se filme pas toujours à son avantage. Cette honnêteté est vraiment à mettre au crédit du film. Mimouni sait filmer ces garçons dans leurs faiblesses (la difficulté à accepter de vieillir) et leurs forces (une solidarité évidente). Mais il est bavard. Il a tant de choses à dire que toutes ne sont pas aussi pertinentes. Maîtrisant parfaitement le versant comédie néo-camp du film, il est moins à l’aise avec certains passages plus ambitieux, telle la discussion sur « Dieu, peut-être » et les « particules de l’univers ». Surtout, concentré sur son discours, et sans doute émerveillé par la capacité d’incarnation de ses acteurs (tous formidables), il abandonne un peu la mise en scène, guère rigoureuse. N’empêche, ce regard qui ne passe rien à personne, mais garde toujours une lumineuse tendresse, c’est le sien et il est précieux.
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