Le réalisateur de The Square (Palme d’Or 2017) vient d’achever le tournage d’une comédie noire sur un yacht avec l’acteur américain Woody Harrelson. Et aucun membre de l’équipe n’a attrapé le Covid !
Après 73 jours de tournage, et de nombreux retards pris à cause de la pandémie, Ruben Östlund et son équipe plient enfin bagage. Le cinéaste suédois travaillait depuis le 19 février 2020 sur la mise en scène de Triangle of Sadness, entre les studios de Film i Väst en Suède (où Lars von Trier a ses habitudes) et un yacht amarré en Grèce. Et il ne s’agissait pas de n’importe quel bateau, mais du légendaire yacht ayant appartenu à Aristote Onassis, The Christina O, sur lequel des invités aussi célèbres que Marilyn Monroe, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Ava Gardner, Maria Callas, Jackie Kennedy, Winston Churchill, John Wayne ou Frank Sinatra ont séjourné.
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Triangle of Sadness est le premier film de langue anglaise de Ruben Östlund, mais l’expérience a surtout été unique en son genre en raison des circonstances liées à la pandémie. Selon Variety, les producteurs (Erik Hemmendorff et Philippe Bober) ont relevé le plus grand défi de leur carrière en assurant la fin du tournage sans qu’aucun membre de l’équipe ne soit contaminé. Le réalisateur évoque cette atmosphère particulière dans laquelle il a fallu travailler : “Durant le premier confinement, nous étions vraiment effrayés. […] A certains moments, nous pouvions sentir que le danger était présent. Heureusement, cela a affecté le film de façon positive.” Le danger a failli se concrétiser le jour où le balancier – sur lequel les décors étaient fixés pour recréer un effet de tempête en pleine mer – s’est brisé, sans faire de blessé.
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Un tournage mouvementé pour une mise en scène malaisante
De la part du réalisateur de The Square et Snow Therapy, on l’imagine volontiers se nourrir de cette atmosphère pour rendre son film encore plus dérangeant. Car, il ne s’en cache pas, mettre mal à l’aise ses spectateurs fait partie de ses intentions de cinéaste : “J’aime qu’il y ait toujours une sorte de dilemme, d’un point de vue sociologique quasiment. J’essaye de mettre en scène des situations auxquelles on peut facilement s’identifier mais qui sont difficiles à supporter.” Le principe de cette satire sociale est simple : un couple de mannequins ultra-riches fait une croisière en compagnie d’un capitaine de bord (Woody Harrelson) 100% marxiste… Et le yacht coule. Suite au naufrage, les rapports de force s’inversent entre les survivants : seule la femme de ménage parvient à se débrouiller et à survivre sur une île déserte.
Dans cette farce sur la lutte des classes, le réalisateur veut démontrer comment “les conditions matérielles changent notre comportement, et comment notre comportement provient de notre placement dans la hiérarchie sociale”. N’hésitant pas à s’inspirer des théories marxistes, Ruben Östlund cite Brecht dans le texte et met en scène des personnages caricaturaux. Au casting, nous découvrirons beaucoup de nouvelles têtes de nationalités diverses : Harris Dickinson (Maléfique : Le Pouvoir du mal), Charlbi Dean, Vicki Berlin, Dolly De Leon, Zlatko Buric, Iris Berben, et bien d’autres comédiens peu connus, engagés pour leur capacité d’improvisation.
Pour Ruben Östlund – contrairement à Christopher Nolan que ça ne dérange pas par exemple -, il est hors de question de voir son film ailleurs qu’au cinéma. Il faudra donc au moins attendre sa présentation au festival de Cannes en mai 2021 ainsi que la reprise de l’exploitation en salle pour découvrir Triangle of Sadness sur grand écran.
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