“Le Torrent”, sixième film d’Anne Le Ny, n’emporte rien sur son passage mis à part une intrigue de téléfilm inconsistante et une suite de clichés familiaux.
Dans Le Torrent, le nouveau film d’Anne Le Ny, Alexandre, incarné par José Garcia, découvre que son épouse, Juliette, le trompe. Après une violente dispute, cette dernière sort prendre l’air et fait une chute mortelle sous les yeux de son mari. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté le corps. Alexandre craint d’être accusé et s’enfonce dans le mensonge avec la complicité de sa fille de 18 ans née d’un précèdent mariage.
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Alors que la figure du faux coupable permettait de développer une certaine complexité émotionnelle, le personnage d’Alexandre semble en être malheureusement dépourvu. Il n’est ni un homme désespéré, ni un manipulateur froid, mais plutôt un entre-deux mou qui laisse le spectateur autant indifférent que lui. Globalement, le film peine à retranscrire de manière cohérente les différentes émotions de ses personnages qui semblent tous figés dans une hébétude permanente enlevant toute substance à l’expérience du deuil, que le film survole tout autant que le sujet du possible féminicide ou que l’enquête policière.
Des maladresses en cascade
Il est aussi bien difficile de croire à la sincérité des personnages étant donné la vacuité des dialogues. Ils reposent sur un florilège de poncifs tels que “je sais que je suis un père nul mais t’es ma grande fille que j’aime” ou “les mensonges c’est du poison” (sûrement la morale du film ?). On traverse alors l’histoire tout en ayant le sentiment de ne rien parcourir du tout mis à part une suite de lieux commun tels que l’ado “rebelle” qui essaye des robes en cachette quand ses parents sont au théâtre ou la femme infidèle qui laisse des photos olé-olé avec son amant sur une clé USB à la vue de tous.
Le Torrent donc, titre du film, puis plan d’ouverture, torrent qui emporte ensuite le corps de la mère, jusqu’au plan final qui se clôt sur des gouttes d’eau dans un lac. On pressent qu’il y a là tentative de récurrence métaphorique. Mais bien plus que d’un torrent, le film à l’air d’une petite flaque morte. Même le décès d’une femme, simple prétexte scénaristique, jamais traité émotionnellement par le film, ne parvient à l’agiter.
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