Le réalisateur des “Choristes” fait vrombir les cigales dans une nouvelle adaptation des “Souvenirs d’enfance” de Pagnol, calquée sur le diptyque à succès d’Yves Robert.
Il y a deux régimes de nostalgie à l’œuvre dans Le Temps des secrets. Le premier consiste classiquement en une reconstitution de la France d’antan (option culottes courtes et chasse aux papillons). La recette est bien connue du cinéma populaire hexagonal – et a fortiori de son exportation, friande de cartes postales jaunissantes –, et notamment de Christophe Barratier qui lui a consacré toute la première partie de sa carrière (Les Choristes, Faubourg 36, La Nouvelle Guerre des boutons, ça en fait des bérets).
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Le deuxième est plus retorse et relève d’une espèce de passéisme au carré : c’est la reconstitution de comment on reconstituait avant. Car le film tiré du troisième tome des Souvenirs d’enfance de Pagnol a évidemment pour modèle les adaptations que les deux premiers inspirèrent en 1990 à Yves Robert, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.
Or le film de Barratier (dont Robert, également auteur en 1962 de la version la plus célèbre de La Guerre des boutons, est sans doute le modèle absolu) a une drôle de manière d’en retrouver non seulement le cadre (la Treille, Marseille, la Bastide Neuve que le tournage a pu ressusciter à l’identique…), mais aussi la manière, avec une forme d’affectation et de théâtralité dans le jeu qui n’est plus vraiment du goût d’aujourd’hui, mais semble directement adressée aux nostalgiques de Ciné Dimanche. Le Temps des secrets est presque un The Artist du cinéma populaire français des années 1980-1990, dont il tâche de retrouver le rythme particulier.
Un film publicitaire et désincarné
Le film en tire au moins une bonne raison de ne pas sombrer dans les réflexes contemporains les plus dégradants du genre. Exit donc le barbouillage de mauvais argot ou les grimaces d’enfants réduits à des numéros indignes de mignonnerie vieillotte : on fait ici l’effort de respecter un peu plus le texte et les jeunes personnages que, par exemple, dans La Nouvelle Guerre des boutons du même Barratier (à peu près infernal). Cela donne quelques réussites, notamment sur le célèbre personnage de Lili des Bellons, l’ami chevrier de Pagnol, interprété avec un sérieux assez poignant par le novice Baptiste Negrel.
On reste, cependant, dans un climat de mauvaise imitation très désincarnée et publicitaire (huile d’olive, fromage frais…), représenté surtout par la véritable catastrophe du casting adulte, dont les membres se débattent très maladroitement avec la question de l’accent – les uns oubliant de le faire une scène sur deux (Guillaume de Tonquédec), les autres se vautrant dans la pitrerie méridionale (François-Xavier Demaison qui tente carrément un simili Raimu, et devrait probablement faire lever les yeux au ciel à toute la moitié sud de la France).
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