Anthony Hopkins à tour de bras dans les chaumières italiennes. Plaisant.
Le Rite est un retour plutôt classique au film d’exorcisme après de récentes relectures – comme le raté Unborn (et son rabbin) et le petit malin Le Dernier Exorcisme, en forme de faux documentaire.
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Le genre, codifié depuis L’Exorciste de William Friedkin (1973), n’en est pas moins riche, mélange de rituel, de buddy-movie (il y a toujours un vieux prêtre blasé et son jeune partenaire) et de huis clos théâtral dans la chambre de la possédée (une fille, c’est efficace, surtout quand elle vous vomit de la soupe de pois).
L’intérêt est aussi visuel car physique (la possession du démon tient à la fois du body art, du contorsionnisme et de la danse contemporaine) et thématique, concentrant les névroses d’une époque, comme celle de l’enfant-roi chez Friedkin.
Dans Le Rite, c’est le volcan islandais Eyjafjöll, clouant les avions au sol en 2010, qui a l’air d’annoncer l’Apocalypse. Le film commence plutôt mollement, avec un séminariste forcé de suivre des cours d’exorcisme à Rome. Entre enfin Anthony Hopkins en exorciste vétéran, qui va lui montrer que le diable ne chôme pas en Italie.
L’acteur est bien sûr la principale attraction du Rite, dans un rôle en combustion lente : en vieux pro, notre fonctionnaire du mal au cinéma (Hannibal Lecter, Nixon) dose ses sarcasmes las et le Grand-Guignol lorsque lui-même se fait posséder.
Le meilleur des films d’exorcisme, c’est que le démon est un grand bavard, qu’il tente les prêtres ou enseigne des langues étrangères à ses victimes. Et l’énergie du genre tient à cette jouissance orale, de la logorrhée blasphématoire, de la joute verbale entre psychanalyse dégénérée et jeu télévisé (pour chasser le démon, il faut le forcer à avouer son nom).
Diction impeccable, Hopkins est donc le bon candidat. Le Rite rappelle, modestement, pourquoi on a de la sympathie pour le diable. On peut ensuite regarder Le Rite de Bergman (1968), film d’exorcisme déguisé, où un juge est face à des acteurs accusés d’obscénité. Avec le même programme d’hystérie, de théâtralité et de mort.
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