Le cinéaste Paolo Taviani, presque indissociable de son frère Vittorio, est mort ce 29 février à Rome, des suites d’une “brève maladie”. Au-delà de la Palme d’or qu’ils remportèrent ensemble en 1977 pour “Padre padrone”, leur filmographie était intimement lié au septième art, comme à leur pays d’origine : l’Italie. Il avait 92 ans.
Quand ils remportent, pour Padre padrone, la Palme d’or en 1977 – donnée par un jury dont le président n’est autre que le(ur) maître Roberto Rossellini –, Paolo et Vittorio Taviani n’en sont pas à leur coup d’essai.
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En grandissant dans l’Italie des années 1950 avec un père avocat antifasciste et Rossellini pour influence, les frères s’essaieront au scénario pour Joris Ivens en 1960 (L’Italie n’est pas un pays pauvre), puis préfigureront la crise profonde de 1968 en réalisant Les Subversifs, en 1967. En grands expérimentateurs influencés par Brecht, Pasolini ou encore Godard, ils réaliseront également le remarquable Sous le signe du scorpion, en 1969.
Reconnaissance internationale
La récompense cannoise de Padre padrone – film d’apprentissage relatant l’histoire (vraie) d’un berger sarde dans les années 1940 entièrement coupé de la civilisation par un père autoritaire, jusqu’à son départ pour le service militaire – jouera un rôle décisif pour leur carrière, leur permettant de tourner par la suite d’autres longs métrages remarquables, tels La Nuit de San Lorenzo en 1982 ou Kaos, contes siciliens, en 1984.
Ils reviendront au Festival de Cannes en 1987, hors compétition, avec Good Morning Babilonia, un biopic grandiloquent suivant deux artisans italiens sur le tournage d’Intolérance (1916), de D. W. Griffith, l’un des premiers blockbusters hollywoodiens.
Les frères Taviani ont gagné une reconnaissance internationale pour leur travail, récompensé dans les principaux festivals du monde, dont un Lion d’or pour l’ensemble de leur carrière à Venise en 1986 et un Ours d’or pour César doit mourir à Berlin en 2012.
En sondant l’inconscient italien au XXe siècle, en mettant la lumière sur de grandes figures de l’histoire ou du cinéma, leur œuvre a embrassé le destin d’un grand nombre d’êtres humains, tous différents. C’est pour cela qu’ils étaient cinéastes : “On nous a parfois demandé pourquoi nous faisions des films. Nous avons toujours donné la même réponse : pour aimer des personnages et des gens que nous n’aurions jamais connus sans le cinéma, et, peut-être, être aimés d’eux en retour.”
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