La naissance d’une cinéaste, une plongée historique intime dans la Serbie et l’adaptation du livre de Vanessa Springora… Voici les films à voir (ou pas) cette semaine.
Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck
Inspiré d’un fait divers, Le Ravissement, d’un enchantement formel constant, est traversé par de passionnants et bouleversants questionnements sur la maternité, l’amitié et ce qui fait lien. Il est surtout l’acte de naissance d’une cinéaste qui croit très fort dans le cinéma, à son mensonge, à toutes ces réalités imaginées (la famille que l’on se choisit), au déni de vérité comme haute forme d’existence face au danger du naturel (l’instinct maternel, cette imposture).
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La critique de Marilou Duponchel
Lost Country de Vladimir Perišić
Avec une lucidité implacable, qui combine la tragédie à la délicatesse du récit d’apprentissage, Vladimir Perišić conduit son film avec cette contradiction qui porte toute sa richesse et son ambiguïté. S’il semble possible de s’exfiltrer de sa condition sociale et familiale malgré son attraction naturelle, on ne quitte pas comme ça son pays perdu. Même lorsqu’il semble impossible d’y imaginer tout futur.
Le Consentement de Vanessa Filho
Adapter ce livre posait plus que jamais la question de la représentation à l’écran d’une telle relation. Comment ne tomber ni dans l’obscène ni dans la vulgarité, sans occulter ce que le film veut dénoncer, sans risquer d’invisibiliser des actes, voire d’atténuer leur gravité ? Vanessa Filho (dont c’est le deuxième long après Gueule d’ange en 2018) choisit sans doute la plus mauvaise option : ne pas vraiment choisir.
La critique de Jean-Baptiste Morain
Mal Viver et Viver Mal de João Canijo
Le temps de quelques jours dans un hôtel de la côte Nord du Portugal, João Canijo se fait le cinéaste de l’anxiété, celui pour qui l’amour est une agonie. Viver Mal et Mal Viver sont deux miroirs qui se réfléchissent l’un dans l’autre. Le premier se tient du côté des gérantes de l’hôtel, où grand-mère, mère et fille se déchirent dans les coulisses de l’établissement. Le second se place du point de vue des client·es, articulé en trois chapitres pour autant d’explorations des intimités. Une réplique revient à plusieurs reprises dans les deux films : “Tout est si dur.”
Vicenta B. de Carlos Lechuga
Le film assume l’anti-spectaculaire, rejette toute idée de folklore lié au don de voyance de Vicenta, pour rester attentif aux tressaillements intérieurs de son héroïne, au dépouillement qui l’entoure, à cette drôle de langueur qui émane d’un film qui paraîtrait presque anesthésié. Avec ses histoires d’enfants partis ou sacrifiés, de vieux malades et de morts absents, Vicenta B. élève au rang de mythologie sa petite existence pour toucher du doigt, dans cette forme de recueillement qu’appelle le film, la possibilité d’une renaissance.
La critique de Marilou Duponchel
Love It Was Not de Maya Sarfaty
Le documentaire de la réalisatrice israélienne Maya Sarfaty est passionnant par son sujet, qui perturbe notre vision conventionnelle des choses, davantage que par sa forme, au fond très classique : témoignages, images d’archives, témoignages… Mais ce qu’il raconte sort tellement de l’ordinaire qu’il est impossible de ne pas être bouleversé, remué et même parfois gêné par ce qu’il raconte.
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