A première vue, un film catastrophe prévisible et familial. A y regarder de plus près, un porno tout en métaphores. En première lecture, la cause de ce Pic de Dante est entendue. Le pur produit hollywoodien bien fabriqué et impersonnel, élaboré selon un canevas vieux comme le cinéma industriel : premier temps, on choisit un […]
A première vue, un film catastrophe prévisible et familial. A y regarder de plus près, un porno tout en métaphores.
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En première lecture, la cause de ce Pic de Dante est entendue. Le pur produit hollywoodien bien fabriqué et impersonnel, élaboré selon un canevas vieux comme le cinéma industriel : premier temps, on choisit un échantillon de personnages ; deuxième temps, on les plonge dans une épreuve délicate (éruption, tremblement de terre, raz de marée, Martiens, communistes…) ; troisième temps, on les sauve et tout est bien qui finit bien avec une bonne petite louche d’idéologie familiale pour emballer le paquet cadeau. Normalement, le « grand public » est content parce que le « grand public » est comme le film : contre les méchantes éruptions volcaniques et pour le bonheur de la famille. Ça apaise, avant de retourner trimer le lundi matin. Et si le grand public est content, le staff directorial du studio est content, les patrons de la multinationale qui possède le studio itou : ils vont pouvoir acheter un champ de pétrole, construire un nouveau complexe hôtelier ou investir dans la technologie de pointe… Quant au critique de cinéma, il se demande ce qu’il fout au milieu de tout ça. Mais il existe une autre lecture possible du Pic de Dante, plus amusante : le voir comme un film de cul. Alors, le volcan devient un gigantesque sexe en phase de turgescence montante. Le cratère est un vagin suprême, et d’ailleurs, quand un homme essaie de s’enfoncer dedans, il lui arrive tout de suite des bricoles : tsss, pas touche ! Il faut entendre les personnages parler du volcan comme d’une chatte en chaleur : « Oh, il s’est seulement raclé la gorge, mais il va bientôt chanter », « Gaffe, ce baby va bientôt exploser, je vous le dis »… Tout le vocabulaire volcanologique n’est que métaphores orgasmiques, tout le suspense tient en l’alternative « Crachera ? Crachera pas ? ». Et quand le « baby explose » enfin, on voit se dresser une splendide colonne de fumée phallique : Dante, sexe hermaphrodite, vient de produire une méga-éjaculation réduisant tous les exploits de Marc Dorcel au rang de touche-pipi de nain de jardin. Quant à la dramaturgie du film catastrophe, elle est entièrement calquée sur celle du film porno, avec ses scènes répétitives et son principe alternatif tension/rétention/explosion/relâchement. Rappelons enfin que dans le titre Dante’s peak, il y a peak cime, mais aussi orgasme. Bref, Le Pic de Dante aurait dû s’intituler La Bite de Dante : c’est le porno qu’Hollywood (cynisme capitaliste + hypocrisie puritaine) n’ose pas faire franchement sinon, adieu investissements immobiliers.
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