Sous influence de Jean Genet, un film sur l’amour entre ados en milieu fermé qui manque un peu de folie.
Joe, 17 ans (Khalil Ben Gharbia, vu dans Peter von Kant de François Ozon), vit dans un centre fermé pour mineurs délinquants. Mais il ne contrôle pas ses pulsions et ses frustrations et retombe chaque fois – conduite d’échec. Le jour où il va enfin pouvoir sortir et gagner la liberté, un autre jeune, William, débarque dans le centre. Les deux ados tombent amoureux l’un de l’autre.
Joe se retrouve tiraillé entre deux désirs contradictoires : la liberté sans William, ou William mais l’enfermement. Comment faire ? Où est le paradis ? Est-ce que l’amour enferme, ou est-ce qu’il n’ouvre pas au contraire sur une liberté intérieure ? La fin du film répond courageusement à la question.
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Lignée illustre
Les films sur l’enfance ou l’adolescence délinquante et enfermée (dans une pension ou un centre pour délinquants) ont eu de grands représentants dans l’histoire du cinéma, comme Zéro de conduite de Jean Vigo ou Les Quatre cents coups de François Truffaut. Le Paradis s’inscrit donc dans une lignée illustre, avec pour ligne de mire tout ce que Jean Genet (avec lequel Truffaut eut d’ailleurs une correspondance) a pu écrire sur la prison et l’homosexualité.
Mais le premier long de Zeno Graton, jeune cinéaste belge qui avait réalisé un court métrage remarqué, Jay parmi les hommes, tombe parfois dans un sentimentalisme un peu convenu et n’a pas (encore, en tout cas) la vertu provocatrice et sulfureuse d’artistes comme Genet ou Fassbinder.
Certes, l’époque a changé. L’homosexualité, dans notre société en tout cas, est beaucoup moins scandaleuse que naguère – et on ne s’en désolera pas. Mais on sent aussi que Graton a voulu documenter son sujet et qu’il peine à sortir des rets du réalisme pour atteindre l’incandescence de la poésie. Un premier film un peu trop sage, donc, mais très prometteur.
Le Paradis de Zeno Graton. En salle le 10 mai.
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