L’enfant terrible du cinéma américain, Harmony Korine, roule pour une marque de vêtements avec le très beau court-métrage Snowballs diffusé librement sur Internet. Les noces punks et inquiétantes du cinéma et de la mode.
De toutes les associations entre la mode et le cinéma (Scorsese chez Chanel, Guy Ritchie chez Dior…), une seule passionne vraiment ces derniers temps. La rencontre a priori contre- nature d’une marque de prêt-à-porter, Proenza Schouler, avec l’un des plus brillants et insaisissables cinéastes américains, Harmony Korine. Initiée à l’occasion de la collection automne 2010 de la marque du duo de créateurs Lazaro Hernandez et Jack McCollough, cette collaboration s’est déclinée pendant des mois dans d’inquiétants courts-métrages (très loin des codes esthétiques publicitaires) ou visuels sublimes destinés à une diffusion exclusive sur Internet.
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Aucune star au casting, aucun matraquage de logo ou impératif marketing : Proenza Schouler laisse libre cours à l’imagination malade d’Harmony Korine, qui n’hésite pas à braver l’image de la marque. Pour sa dernière campagne (la collection automne 2011, baptisée Desert Road Trip), l’auteur de Gummo et ancien scénariste de Larry Clark (Kids, Ken Park) a réalisé le court métrage Snowballs diffusé librement depuis hier soir sur le site de Proenza Schouler. Et cette association semble plutôt réussir à Harmony Korine, qui signe là l’un de ses plus beaux films depuis le léger décrochage de Mister Lonely.
Le concept est minimal (« une évocation lointaine du mythe de la conquête de l’ouest autour du motif des couvertures navajos » dixit le pitch officiel), mais la forme semble apaisée, revenue des expérimentations détraquées de son dernier film The Trash Humpers (en téléchargement pour à peine 5 euros sur le site du label Warp). Dans le traditionnel décor de cinéma d’Harmony Korine (ces banlieues pavillonnaires traversées de freaks et de fantômes), Snowballs est un film trip, une installation morbide saturée par une voix off et quelques visions hallucinées.
« Nous avons donné carte blanche à Harmony Korine pour illustrer dans un film notre nouvelle collection« , confirme si besoin la marque Proenza Schouler, qui invitait pour la deuxième fois le cinéaste à mettre en scène l’une de ses campagnes publicitaires. Diffusé il y a tout juste un an, le premier court métrage (génial) issu de leur collaboration, Act Da Fool, avait réveillé un peu le milieu des films de mode et suscité une violente polémique sur fond d’accusations (injustifiées) de racisme.
http://youtu.be/BUsB3S0CfKE
Val Kilmer, James Franco en courts
Presque absent des radars depuis la sortie U.S de The Trash Humpers, Harmony Korine semble multiplier les projets ces derniers temps, naviguant entre les disciplines (sa récente exposition de photographies à la galerie Agnès B.), et les formats (pubs, clips, longs métrages de fiction). Auteur d’un spot télévisé (très anecdotique) pour le groupe indien Mahindra, d’un court métrage pour les rappeurs sud-africains Die Antwoord (Umshini Wam), il prépare son grand retour médiatique avec un projet plus ambitieux : un film collectif tourné au quatre coins du monde et baptisé Lotus Community Center.
Particularité de ce nouveau film ? Il sera coréalisé avec deux autres réalisateurs (le russe Alexsei Fedorchenko, auteur du Dernier Voyage de Tanya ; et le polonais Jan Kwiecinski, assistant d’Andrzej Wajda), mais il marquera surtout la rencontre d’Harmony Korine et de Val Kilmer, qui interprètera le rôle principal de son segment. C’est l’acteur, en plein retour de gloire (à l’affiche de Twixt de Francis Ford Coppola), qui a annoncé le projet via sa page Trumblr, où il donne quelques indications sur cette première collaboration :
« Je suis sur le point de créer un film expérimental avec Harmony Korine, écrit Val Kilmer. Je vais jouer Hector. Harmony dit du personnage : « Je ne sais pas s’ il est fou –je ne suis même pas sûr de savoir ce que ce mot signifie encore-, mais il est le PIRE conférencier sur terre… »
En marge de ce projet forcément explosif (cf. les premières images dévoilées), Harmony Korine s’est illustré à la Biennale de Venise cette année avec son dernier court métrage, Rebel : une autre rencontre excitante entre le cinéaste de Nashville et l’acteur le plus cool du moment, James Franco. Un téléphone portable pour enregistrer, un parking pour zoner, quelques BMX, 2PAC & Biggie dans les oreilles : la belle americana.
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