DRAMA QUEEN > Un huis clos en Technicolor dans l’Himalaya : un couvent se déchire pour un bel Anglais viril. Un sommet du kitsch.Sublime ou grotesque ? C’est bien la question qu’on se pose devant ce Narcisse noir, le film oscillant en permanence sur ce fil ténu. L’intrigue ? Une poignée de bonnes sœurs sont […]
DRAMA QUEEN > Un huis clos en Technicolor dans l’Himalaya : un couvent se déchire pour un bel Anglais viril. Un sommet du kitsch.Sublime ou grotesque ? C’est bien la question qu’on se pose devant ce Narcisse noir, le film oscillant en permanence sur ce fil ténu. L’intrigue ? Une poignée de bonnes sœurs sont envoyées éduquer des petits Indiens dans un ancien palace perché dans l’Himalaya. Un endroit tellement beau et sensuel que leur corps se réveille, que le désir les rattrape. On est entre Pierre & Gilles (pour le kitsch indien qui fascine manifestement Powell et Pressburger) et Sous le soleil de Satan (pour le désir impur qui chauffe sous l’habit). Le désir est d’ailleurs incarné par un Anglais viril et mal dégrossi, Dean, qui fait délirer tout le couvent. Curieux film, curieux mélange. On passe de gros plans réalistes sur les visages des indigènes à un crescendo émotionnel ultrastylisé, qui culmine par l’affrontement de deux bonnes sœurs au-dessus d’un précipice (et sous une cloche, plan qui inspirera Hitchcock pour Sueurs froides). Le film regorge de pistes. La plus évidente, c’est que le désir ne peut être domestiqué, qu’on ne devient pas une sainte en entrant dans les ordres. On peut aussi y lire une opposition entre le puritanisme occidental (les austères habits) et l’hédonisme oriental (le général embijouté). Dans un final suffocant qui n’est pas sans évoquer Tennessee Williams, les névroses vont exploser jusqu’au mélodrame. Alors, sublime ou grotesque ? Sublime, finalement, d’un cheveu, grâce
à une mise en scène pleine de souffle, en dépit d’un gros handicap : la reconstitution très carton-pâte de l’Himalaya.
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