Le réalisateur iranien Saeed Roustaee emprisonné pour propagande “antirégime” a reçu une vague de soutien du milieu du cinéma.
La semaine dernière, le régime iranien a condamné à six mois de prison le réalisateur Saeed Roustaee et le producteur Javad Norouzbeigui pour avoir “contribué à la propagande de l’opposition contre le pouvoir islamique” en tournant, produisant et présentant leur film Leïla et ses frères au Festival de Cannes en 2022, alors que ce dernier était interdit en Iran. Auréolé du prix du jury de la Fédération internationale de la presse cinématographique l’année dernière, le film dresse un portrait acerbe du patriarcat iranien, sur fond de critique virulente du gouvernement.
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Si le tribunal a jugé que les accusés ne purgeraient qu’un vingtième de la peine, soit environ neuf jours, leur interdiction de “communiquer avec des personnes actives dans le domaine du cinéma” pendant cinq ans est toujours de vigueur.
De nombreuses voix du monde du cinéma ont récemment exprimé leur soutien aux deux hommes.
“Une grave atteinte à la liberté d’expression”
Rappelons qu’avant Saeed Roustaee, l’Iran avait déjà ciblé et placé en détention Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof accusés de propagande contre le régime. Afin que le destin de Saeed Roustaee ne reflète pas celui de ses confrères, une mobilisation de la part de la communauté cinématographique internationale s’impose.
Francesca Scorsese, fille de Martin, actrice et réalisatrice, a lancé une pétition en ligne pour réclamer une libération et la justice pour le cinéaste iranien. Dans un post Instgram, son père appelle à une mobilisation rapide et massive : “Il nous reste moins de vingt jours pour contribuer à attirer suffisamment l’attention sur cette affaire et faire appel de sa condamnation. Signez et partagez la pétition qui se trouve dans ma biographie et qui demande justice pour Roustaee, afin qu’il puisse continuer à être une force du bien dans le monde. Sa voix doit être entendue.”
Peu après l’annonce de la condamnation, Le Festival de Cannes a publié un communiqué partagé à l’AFP dans lequel il dénonce “une grave atteinte à la liberté d’expression […] Comme de nombreux professionnels à travers le monde, le Festival de Cannes exprime son soutien à toutes celles et tous ceux qui subissent violences et représailles dans la réalisation et la diffusion de leurs œuvres. Le Festival est leur maison. Il est et sera toujours à leurs côtés pour défendre la liberté de création et d’expression.” L’institution s’indigne contre la décision de priver le cinéaste de réaliser des films pendant cinq ans, qui constitue “une grave atteinte à la liberté d’expression des artistes, cinéastes, producteurs et techniciens iraniens.”
Les cinéastes de l’Association française des cinémas art et essai réaffirment qu’il est “plus que jamais nécessaire de lutter pour qu’un cinéma fort, créatif et indépendant existe. Un cinéma qui puisse questionner nos sociétés sans que cela soit au péril de ceux qui le font, un cinéma qui puisse être matière à réflexion, un cinéma qui ouvre nos esprits”.
En Iran, la Maison du Cinéma, qui regroupe une majorité d’artistes et techniciens du cinéma, a également fustigé cette décision, qu’elle a qualifiée de “ridicule”.
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