En capturant le long combat d’un mère pour offrir un futur à son fils, “Le monde de Kaleb” repense le modèle familial traditionnel et saisit une poignante ode à l’entraide.
Betty, mère sans papier, se bat depuis plusieurs années pour offrir la nationalité française à son fils Kaleb, pourtant né sur le sol français. D’abord seule, puis bientôt rejoint par de persévérants alliés, Jean-Luc et Medhi, elle mène un combat pour réparer cette injustice. Au cœur de cette quête longue et difficile (les prises de vues s’étendent sur trois ans), le film permet de repenser et redessiner le territoire de la famille, de l’étirer au-delà des modèles traditionnels. Jean-Luc n’est ni lié biologiquement à Kaleb, ni le compagnon de sa mère. S’il agît ainsi, comme son ami Medhi, c’est par pur altruisme. À la froideur de la bureaucratie française, à l’indécence des cabinets d’avocats et leurs factures aux sommes astronomiques, Le monde de Kaleb dépeint, en réaction, une ode à l’assistance et à l’entraide la plus désintéressée.
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Pétri de chaleur humaine, indomptable face à l’injustice, cette galerie de visages offre également la preuve éclatante de ce que le réel recèle comme personnages haut en couleur, semblant jaillir tout droit du monde de la fiction. Kaleb évidemment, qui de sa présence aussi aérienne que très ancrée (il écoute tout ce qui se dit autour de lui) apporte une poésie légère tandis que Betty, force tranquille, propose une incarnation saisissante de l’amour inconditionnel que porte une mère. A ces deux visages, s’ajoute celui de Jean-Luc, père justicier et infatigable dans sa révolte mais également Medhi, grand frère de substitution de Kaleb, dandy aux lunettes noires, accompagné d’une bière à la main dans n’importe quel lieu et situation. Une figure insolite et pourtant si vraie que les forces falsificatrices de la fiction n’auraient pu rendre que caricaturale.
Malgré la dureté et l’injustice du réel que le film n’épargne pas de montrer, la caméra de Vasken Toranian montre ô combien le réel n’a pas besoin d’être falsifié pour être réenchanté. Ici le simple enregistrement, même le plus brut, de ce petit théâtre de l’action collective et de l’entraide, suffit à construire une utopie. Une utopie certes à minuscule échelle mais dont la valeur est inestimable.
Le monde de Kaleb de Vasken Toranian. (France, 1h07). En salle le 2 novembre.
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