Alors que des sénateurs américains ont fait appel au département de la justice pour mettre en cause Netflix – qui distribue le film aux Etats-Unis -, la Société civile française des Auteurs, Réalisateurs, Producteurs (l’ARP) a officiellement pris la défense de la réalisatrice Maïmouna Doucouré.
Le mardi 15 septembre, la Société civile française des Auteurs, Réalisateurs, Producteurs (ARP) a diffusé un communiqué défendant explicitement Mignonnes face aux nombreuses attaques que subit injustement le film aux Etats-Unis : “Ce film produit en France, puis acheté par Netflix pour sa diffusion aux Etats-Unis, est emblématique de l’indispensable liberté d’expression dont le cinéma, dans toute sa diversité, a besoin pour aborder des sujets dérangeants, donc nécessaires à l’exercice de la démocratie.”
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Un appel au boycott qui s’est envenimé
Au départ, tout est parti d’un malentendu. Une internaute canadienne s’est insurgée contre ce film diffusé par Netflix, Cuties [titre anglophone de Mignonnes], dont l’affiche américaine représentait des jeunes filles en petites tenues et prenant des poses suggestives. Elle a alors immédiatement lancé une pétition en ligne appelant à retirer Mignonnes de la plateforme qui, à ses yeux, relève de la pédopornographie. Sans avoir vu le film manifestement, sans quoi elle aurait peut-être constaté d’elle-même qu’il n’avait absolument rien de pédopornographique et qu’il dénonçait au contraire l’hypersexualisation des femmes dans notre société, dont l’influence sur les petites filles a des conséquences néfastes. Netflix s’est immédiatement excusé, changeant l’image du film sur son catalogue… Trop tard.
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Un scandale récupéré par des politiques
Aux Etats-Unis, cette affaire (reprise par Fox News) est devenue du pain béni pour certains élus et sénateurs entrés en campagne pour les élections à venir. Il s’agit de rappeler aux électeurs quelles valeurs le parti républicain incarne et défend. Le sénateur texan Ted Cruz a ainsi envoyé une lettre au département de la justice américaine afin qu’une enquête soit ouverte et que l’on détermine le degré de complicité de Netflix dans ce qu’il désigne comme de “la pornographie infantile”.
Côté français, l’incompréhension est totale. Comment un film si bien reçu par la presse et primé peut-il être l’objet d’une telle injustice ? L’ARP est catégorique : “A l’heure où les plus conservateurs des Américains demandent le boycott du film Mignonnes, nous tenons à apporter notre soutien à Maïmouna Doucouré, sa réalisatrice, qui a obtenu le prix de la meilleure réalisation au Festival de Sundance.” Un festival américain, qui plus est.
“Comprendre que nous menons le même combat”
Maïmouna Doucouré a pris la parole dans les médias américains afin de préciser le fond de sa pensée pour celles et ceux qui n’auraient pas vu Mignonnes : “Le plus important, c’est de regarder le film et de comprendre que nous menons le même combat.” (Variety). Toujours en salle, le film suit le quotidien d’Amy, une Parisienne de 11 ans partagée entre les mœurs traditionnelles de sa famille sénégalaise et ceux de ses amies, très portées sur leur apparence physique, la pop culture américaine excessivement sexualisée et les réseaux sociaux. L’histoire d’un choc culturel, donc, induit indirectement par l’influence de la culture américaine dans le reste du monde.
Ok so the Netflix Cuties movie.
I did some research and the director is a French Senegalese Black woman who is pulls from her own experiences as an immigrant and comments on the hyper-sexualization of preadolescent girls.
But look at the original poster vs the Netflix one pic.twitter.com/JVbaa5iueG
— 🤠🍉•°{Get Along li'l Miggsy} (@miggsboson) August 20, 2020
“J’ai fait des recherches : la réalisatrice est une femme franco-sénégalaise qui s’est inspirée de son propre vécu en tant qu’immigrée et qui commente dans son film l’hypersexualisation des préadolescentes. Mais regardez l’affiche originale par rapport à celle de Netflix.”
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