La dégradation d’un couple, en contrepoint d’un tournage à Cinecittà. Classique inusable.
Le Mépris a prouvé aux détracteurs de Gogo qu’il était non seulement capable de trousser un récit lisible, mais qu’il pouvait adapter fidèlement un grand roman, celui de Moravia (« un vulgaire et joli roman de gare« , dit Godard), et en exprimer la teneur grinçante. Résultat des courses : c’est le film le plus populaire de JLG avec A bout de souffle.
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Que retenir du Mépris ? Le blason du corps féminin (de Bardot) selon Godard ; la villa de Malaparte à Capri ; la musique obsédante de Georges Delerue ; l’opposition entre deux conceptions du cinéma, le cinéma de studio et la Nouvelle Vague ; la liberté amoureuse des années 60 ; la figure insolite de Jack Palance en mogul cynique ; la présence de Fritz Lang, hiératique deus ex machina, réalisateur démiurge d’une adaptation de L’Odyssée ; la splendeur arrêtée de l’accident final et fatal… Impossible de recenser les splendeurs de cette œuvre parfaite dont la somme de ses éléments disparates compose un tout harmonieux.
Comment expliquer ce paradoxe ? Peut-être par l’unité plastique que le cinéaste, véritable Picasso du cinéma, imprime au film, avec une stylisation et un choix rigoureux des couleurs primaires, et un génial remontage de la musique. Godard n’a ainsi conservé que quelques thèmes originaux, qu’il utilise de manière répétitive. Le Mépris est un film postmoderne avant la lettre : un film de facture hollywoodienne, en scope, déconstruit de l’intérieur.
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