L’enfermement d’une jeune femme par le patriarcat de la société mauritanienne. Un film pudique et élégant.
de Michela Occhipinti
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Avec Verida Beitta Ahmed Deiche, Amal Saad Bouh Oumar (Ita., 2019, 1h34)
Symbole d’opulence et de bien-être, la rondeur du corps est un canon de beauté féminine en Mauritanie. A quelques mois de son mariage et afin de satisfaire son futur mari, la jeune Verida n’échappe pas à la tradition et est soumise à un strict gavage alimentaire. Michela Occhipinti, dont c’est ici la première œuvre de fiction, filme la dépossession d’un corps (Verida va être marié à un inconnu) puis son empoisonnement (elle ingurgite de dangereux médicaments afin de prendre du poids) sans aucun didactisme ni dolorisme, deux écueils si fréquemment observés dans ce genre de chronique.
La cinéaste a fait ses classes dans le documentaire et cela se sent. La forme est ici d’une élégante sobriété, le regard, tout en pudeur, à juste distance, et parvient à traduire la complexe intériorité de son héroïne malgré une grande économie de gestes et de paroles. Aussi éprouvant par son sujet que délicat dans sa forme, Le mariage de Verida renferme même quelques moments de grâce : une sortie nocturne en voiture avec un jeune homme, et des remerciements déchirants « pour l’avoir regardé » avant un ultime plan absolument sublime, d’une évanescence, qui, malgré sa quiétude, retentit comme un violent cri de rage.
Le Mariage de Verida de Michela Occhipinti avec Verida Beitta Ahmed Deiche, Amal Saad Bouh Oumar (Ita., 2019, 1h34)
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