Un refuge pour les cinéphiles pervers, amateurs de séries B ou Z : le MIF. Parallèlement aux sélections officielles se déroule le Marché international du film, au cours duquel sont projetés des centaines de films destinés à alimenter les salles de cinéma ainsi que les vidéoclubs et les chaînes à péage du monde entier.
Ces séances, normalement réservées aux professionnels, éventuels acheteurs du nouveau film indépendant à succès ou d’un lot de quinze pornos soft indonésiens, font aussi la joie d’une poignée de cinéphiles avides de découvrir le Ferrara de demain. Le Marché sert également de refuge à des journalistes soucieux de prendre des nouvelles de cinéastes dont les films sont systématiquement oubliés par les distributeurs français.
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Ainsi, chaque année, nous sommes assurés d’avoir rendez-vous avec Tinto Brass, Dario Argento, Tsui Hark ou Roger Corman, sans compter les tacherons et les futurs grands cinéastes en cherchant bien. Si le pape de l’érotisme fessu, Tinto Brass, déclara forfait pour cette fois, les trois autres, à défaut de nouvelles réalisations, nous offrirent leurs récentes productions. Acclamé dans les années 70 pour des films comme Les Frissons de l’angoisse et Suspiria, Dario Argento proposait cette année Maschera di cera. Ce remake des deux précédentes versions de House of wax réalisées par Michael Curtiz en 1933 et par André De Toth en 1953 est signé Sergio Stivaletti. Maschera di cera est un honnête démarquage des films fantastiques gothiques produits dans les années 60 en Italie et en Angleterre. Approximativement mis en scène et interprété, le film se regarde comme un objet anachronique touchant de naïveté. L’ensemble est malheureusement dépourvu du lyrisme baroque qui, trente ans auparavant, traversait des films tels que Le Moulin des supplices de Georgio Ferroni ou La Vierge de Nuremberg d’Antonio Margheriti.
Les récents hommages rendus à Tsui Hark par le Festival de Valenciennes et la Cinémathèque française ont confirmé le génie de ce cinéaste-producteur le plus démentiellement suractif de Hong-Kong. Il ne fallait donc rater sous aucun prétexte la projection de Black Mask, réalisé par Daniel Lee, mais dont chaque plan est habité par l’imaginaire harkien. Tsui Hark laisse ici s’exprimer ses tendances destroy et bondage avec une histoire de tueurs d’élite rendus invulnérables par des drogues. Comme à son habitude, Tsui Hark se livre à une ludique entreprise de recyclage, brassant son goût pour les comics et la culture pop avec la quincaillerie high-tech. Avec Black Mask, Tsui Hark s’impose comme le maître de l’ultra-violence chorégraphique.
Après la perle, la perlouze : Marquis de Sade, produit par la société de Julie et Roger Corman, mérite le prix du film le plus grotesque du Marché. Justine rend visite au marquis de Sade dans son cachot afin qu’il l’aide à retrouver sa s’ur Juliette. Si vous avez pensé au Silence des agneaux, c’est gagné : Corman plagie le scénario du film de son ancien poulain Jonathan Demme. Procédé typique cependant des produits présentés au MIF, où la circulation des genres et des sujets est placée sous le sceau du cannibalisme.
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