Jean-Claude Carrière aide Peter Brook à mettre en boîte son adaptation de l’épopée indienne, mais la spiritualité est un plat qui se mange chaud.Tout commence en 1985. Peter Brook, le grand metteur en scène anglais qui a consacré sa vie à l’œuvre de Shakespeare, monte Le Mahàbhàrata pour le Festival d’Avignon. Adapter pour le théâtre […]
Jean-Claude Carrière aide Peter Brook à mettre en boîte son adaptation de l’épopée indienne, mais la spiritualité est un plat qui se mange chaud.
Tout commence en 1985. Peter Brook, le grand metteur en scène anglais qui a consacré sa vie à l’œuvre de Shakespeare, monte Le Mahàbhàrata pour le Festival d’Avignon. Adapter pour le théâtre les 100 000 vers en sanskrit de l’épopée matrice de l’Inde, était-ce possible ? La clé tenait dans la magie du théâtre, magie du lieu et de l’instant : neuf heures de liturgie entre les dernières lueurs du crépuscule et les premières lumières de l’aube. Brahma le créateur et Shiva le destructeur menacent l’harmonie du monde par leur affrontement perpétuel. Seul Vishnu, garant invisible de l’équilibre entre ces deux forces, peut prendre forme humaine quand le déséquilibre menace d’entraîner le monde vers le chaos. Le mystère de l’incarnation, principe à l’œuvre tout au long du Mahàbhàrata, c’est le principe de base du théâtre : Vishnu l’acteur danse sur les planches du théâtre-monde. De la représentation mythique, un succès énorme, une adaptation cinéma est décidée, ce sera le film événement. Mais si un metteur en scène de théâtre est un prêtre ou un shaman, un cinéaste est un magicien, un illusionniste ; ici, faute de théâtre et de cinéma, aucune magie ne prend. Les épisodes de la geste héroïque des Kauravas et des Pandavas se suivent platement. L’accent shakespearien des acteurs united colors peut séduire, certaines sentences donner à réfléchir, certes, mais ne reste qu’un parfum évaporé de spiritualité. Et à voir ce film, on se dit que Jean-Claude Carrière, qui a fait de la sagesse orientale son fonds de commerce, aurait d’ se souvenir qu’il n’est pas sans péril de vouloir retenir la grâce de l’instant.
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