LE JOURNAL DU SEDUCTEURde Danièle Dubroux, avec Chiara Mastroiani, Melvil Poupaud, H. Saint Macary (1996, France, 100min) Telle une alchimiste, Danièle Dubroux mélange les genres : sa décoction dégage un tenace parfum d’ivresse ludique. Comme son personnage du psy qui a perdu la mémoire, Le Journal du séducteur est un film qui revient sur ses […]
LE JOURNAL DU SEDUCTEUR
de Danièle Dubroux, avec Chiara Mastroiani, Melvil Poupaud, H. Saint Macary (1996, France, 100min)
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Telle une alchimiste, Danièle Dubroux mélange les genres : sa décoction dégage un tenace parfum d’ivresse ludique.
Comme son personnage du psy qui a perdu la mémoire, Le Journal du séducteur est un film qui revient sur ses traces. A la fois sur les lieux (le Quartier latin) d’une intrigue qui s’est déjà déroulée et sur tous les genres qui ont inspiré la cinéaste. Pour cette démarche d’arpenteur inspiré, Dubroux n’a qu’une confiance modérée dans la psychologie. En revanche, elle croit au pouvoir de l’alchimie. Aussi complexe que savoureuse, cette démarche consiste à opérer des mélanges nouveaux dont la saveur unique respectera le goût de tous les éléments de base. Sur le comptoir qui lui tient lieu de paillasse, le professeur Dubroux a aligné les différentes fioles à partir desquelles elle va créer son élixir de bonheur. D’une belle couleur ambrée, sa liqueur se nomme « romanesque ». Dans le lointain Danemark, on l’appelle aquavit. Le soir, au coin du feu, cette eau-de-vie accompagne la lecture du philosophe, un certain Kierkegaard. Pas un gai le Sören, mais il a écrit un livre qui porte le plus beau titre du monde : Le Journal du séducteur, un ouvrage parfois aride, talisman pour pénétrer dans un univers merveilleux. Mais Dubroux a un dernier atout dans sa manche : la comédie. Bien inspirée par son maître Buñuel, elle sait que l’élégance suprême est de faire rire tout en parlant de choses graves comme l’angoisse, le désir ou la mort. Son film change sans arrêt de registre, de Lubitsch à Bergman, de Kierkegaard à Labiche. Et c’est bien à une entreprise de pure séduction que nous convie Dubroux. Dans ce réseau de fausses pistes, rien n’est jamais sûr et tout peut arriver. D’ailleurs, tout arrive.
{"type":"Banniere-Basse"}