Le Jour de la bête d’Alex De La Iglesiaavec Alex Angulo, Armando De Razza, Santiago SeguraSortie L’étrange Noël du père Berriartua : un petit curé inoffensif, professeur de théologie qui, persuadé par l’étude cabalistique de L’Apocalypse selon saint Jean que l’antéchrist va naître le soir du 24 décembre, décide d’invoquer le diable par tous les […]
Le Jour de la bête
d’Alex De La Iglesia
avec Alex Angulo, Armando De Razza, Santiago Segura
Sortie L’étrange Noël du père Berriartua : un petit curé inoffensif, professeur de théologie qui, persuadé par l’étude cabalistique de L’Apocalypse selon saint Jean que l’antéchrist va naître le soir du 24 décembre, décide d’invoquer le diable par tous les moyens afin de localiser et détruire la Bête. Il s’agit certes d’une farce grasse et vulgaire, mais dans la meilleure acception de ces adjectifs. Grasse, dans la mesure où le bien nommé Alexandre de l’Eglise n’hésite pas à jeter pêle-mêle dans sa paella : religion, démonologie, heavy-metal, extrême droite, télé et reality-show… Vulgaire, car en contant la traversée des cloaques madrilènes par un prêtre innocent, le cinéaste nous présente une vision hyperréaliste d’un monde interlope et crado digne des meilleurs Scola. Et surtout, avec ce film potache et mouvementé, ficelé comme une série B, le cinéaste renoue avec une tradition aussi authentiquement espagnole que la corrida : cet anticléricalisme baroque, incluant une fascination morbide pour le rite catholique, dont Buñuel fut le grand illustrateur. Mais la vraie originalité de cette œuvre au mauvais goût généreux réside précisément dans la littéralité de son « approche des ténèbres ». Loin d’alterner le fantastique et le réalisme à la façon de L’Exorciste, De La Iglesia prend le sujet au pied de la lettre : dans sa quête déviante, le prêtre suit la logique la plus prosaïque. Ainsi, avisant un magasin de disques heavy-metal, il s’adresse béatement au vendeur hirsute et tatoué en qui il voit, eu égard aux noms des groupes qu’il promeut, un expert en démonologie… Comme dans Vampire’s kiss de Robert Bierman, où Nicolas Cage jouait un yuppie dingo persuadé d’être un vampire, la drôlerie provient du regard presque objectif porté sur le ridicule des pratiques sataniques. Il est d’ailleurs dommage que le film, rigoureusement extérieur au mythe, se permette sur la fin de sacrifier à l’imagerie, montrant la chimère infernale que croit voir le curé. Mais la vraie faiblesse du film est sa charge convenue contre la télévision, à travers la description d’une chaîne de Berlusconi implantée en Espagne, où officie un charlatan de l’occulte, dans une émission similaire au Mystères de TF1… Ce moralisme dépassé est bien la seule fausse note d’un film aussi naïf et poilant qu’un poster dégoulinant de Sepultura.