A ne pas confondre avec le film homonyme de Derek Jarman. Cependant, le rapprochement vaut dans la mesure où les deux cinéastes citent les mêmes philosophes, en particulier Wittgenstein. Mais Jarman partait de la figure de Wittgenstein pour arriver à sa philosophie. Alors que le Slovaque Martin Sulik a écrit un scénario très littéraire, truffé […]
A ne pas confondre avec le film homonyme de Derek Jarman. Cependant, le rapprochement vaut dans la mesure où les deux cinéastes citent les mêmes philosophes, en particulier Wittgenstein. Mais Jarman partait de la figure de Wittgenstein pour arriver à sa philosophie. Alors que le Slovaque Martin Sulik a écrit un scénario très littéraire, truffé de références à ses auteurs favoris : Wittgenstein donc, mais aussi Herman Melville ou Jean-Jacques Rousseau. La forme même du film, divisé en chapitres annoncés par des titres, renvoie aux auteurs romantiques de la fin du xviiie siècle. Pourquoi pas ? Le problème, c’est que ces titres sont si complets, si précis et si denses que les images qui les suivent ne peuvent être que pléonastiques. Ces têtes de chapitre font figurent de teasing, comme on dit dans la réclame, et l’on est souvent déçu par des scènes platement illustratives. Les meilleures surprises viennent d’un humour pince-sans-rire assez convaincant. Ainsi, dans le jardin (métaphorique, évidemment) que Jacub, jeune homme en rupture familiale et sociale, a décidé de cultiver, il rencontre Jean-Jacques Rousseau. Or, ce Jean-Jacques Rousseau est un bon père de famille dont la 2cv vient de rendre l’âme et il « emprunte » donc à Jacub sa 205 flambant neuve. On l’aura compris : la leçon ici est qu’il faut apprendre à se débarrasser des choses inutiles. Marrant. Pour le reste, Sulik filme longuement des scènes de « fusion avec la nature » mâtinées de « Les fourmis vont te guérir » ou « Le pipi, il n’y a pas mieux pour soigner une plaie ». Mais on n’a pas attendu Coline Serreau et son affreuse Belle verte pour trouver des relents réactionnaires au fameux retour à la terre. Gêne renforcée par les citations les plus contestables de Jean-Jacques Rousseau (exemple : « Le progrès n’est rien d’autre que le déclin de l’humanité » ). On préférera les scènes ouvertement sensuelles qui profitent des plastiques irréprochables de Roman Luknar (cul parfait) et Zuzana Sulajova (pucelle miraculeuse). Ou celles, para-œdipiennes, entre Jacub et son père. Jusqu’à l’agacement du dernier plan où la pucelle miraculeuse entre en lévitation. Quand Emir Kusturica filmait une scène identique dans Le Temps des gitans, on s’envolait avec la fille. Là, on cherche les fils.
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