L’auteur de la trilogie Pusher s’embourbe dans une fable viking bien relou.
Le Guerrier silencieux est, dit-on, “un film coup de poing”.
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Il raconte l’odyssée de One-Eye, un guerrier viking borgne, muet (et très méchant) qui, des montagnes fangeuses où il est retenu prisonnier et utilisé comme gladiateur par un cruel seigneur, va s’échapper et gagner des terres inexplorées, au large de la Scandinavie.
Mais, plutôt que le Valhalla (paradis dans la mythologie nordique) promis par le titre original, c’est un nouvel enfer qui les attend, lui et ses quelques compagnons d’infortune…
Depuis sa trilogie Pusher (sèche, simple, réussie), découverte en France avec du retard et d’un seul bloc, en 2006, l’aura de Nicolas Winding Refn, jeune réalisateur danois également auteur d’Inside Job (2004) et de Bronson (2009), n’a cessé de croître dans certains cercles cinéphiles, qui voient en lui un disciple de Kubrick, Lynch et Herzog.
On ne saurait leur donner tort, tant ses influences sont visibles, mais c’est précisément ce qui cloche : perdu au milieu de ce triangle des Bermudes référentiel, Nicolas Winding Refn y allume avec aplomb toutes les balises de reconnaissance, et ne tarde pas à agacer.
Dès ses premières minutes, Le Guerrier silencieux se pose ainsi comme parangon de cette postmodernité plastronnante où l’antipsychologie, la musique par nappes tonitruantes, les outrances visuelles (montage elliptique, très gros plans déformant les visages, filtres rouges pour figurer les pensées torturées du héros…) et la fascination pour le mâle (sueur et sang en soldes) tiennent lieu de béquille à la nullité philosophique.
Car contrairement à ses maîtres, qui jamais ne négligent le rôle de la parole dans le processus de la violence (idéalement dans 2001 : l’odyssée de l’espace, qu’on ne manquera pas d’évoquer ici), Nicolas Winding Refn se voudrait un pur imagier, ne fonctionnant qu’aux stimuli visuels et auditifs tous dialogues congédiés.
A ce fantasme mortifère (et extrêmement naïf) de cinéma pur, on préfèrera un autre film de Vikings, Le 13e Guerrier, qui, comme tous les films de John McTiernan, tourne autour des problèmes de communication et n’oublie pas la grande leçon hawksienne : parole et action sont indissociables, coup de poing et coup de langue les deux revers d’une même médaille.Vive les guerriers bavards.
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