Un labyrinthe sans issue dans une société corrompue jusqu’à l’os. Fascinant.
Un vieux général demande au détective privé Philip Marlowe (Bogart) de le débarrasser d’un type louche qui fait chanter sa fille Carmen, nymphomane. Pour cette tâche délicate, il est flanqué d’un beau brin de fille à la répartie facile et au regard enjôleur, Vivian (Bacall), la fille aînée du général… Deuxième film du couple Bogart-Bacall dirigé par Hawks après Le Port de l’angoisse , Le Grand Sommeil est l’adaptation d’un roman de Raymond Chandler, l’homme qui réussissait à créer en une phrase un personnage qu’on a l’impression de connaître depuis toujours. Tout le monde a entendu parler de l’anecdote attachée au film : un jour, quelqu’un s’aperçut que la mort d’un des personnages restait inexpliquée (meurtre ou suicide). Ni Hawks ni son scénariste, William Faulkner, ni Chandler lui-même ne purent résoudre l’énigme… À vrai dire, on s’en fiche complètement et cela prouve que Le Grand Sommeil est un film policier dont l’intérêt réside moins dans son intrigue que dans sa construction, sorte de labyrinthe sans issue creusé dans une société corrompue jusqu’à l’os. La mise en scène de Hawks, tendue, rythmée, nerveuse, simple comme bonjour et donc bien évidemment d’une incroyable sophistication forme un écrin dans lequel les acteurs semblent s’épanouir. C’est aussi un film d’action : il suffit, pour le mesurer, de le comparer au Faucon maltais, réalisé cinq ans auparavant par John Huston, si théâtral, si figé et… si ennuyeux.
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