On a trouvé le nouveau mètre-étalon du cinéma français commercial et intelligent. Champagne ! Pourquoi, alors que le film cumule les atouts, mon goût fait désordre ? Pourquoi résister à ce que tous, à juste titre, loueront, à savoir la narration enlevée, la rythmique souple et l’enchaînement élégant des séquences, le fin nappage de mots […]
On a trouvé le nouveau mètre-étalon du cinéma français commercial et intelligent. Champagne ! Pourquoi, alors que le film cumule les atouts, mon goût fait désordre ? Pourquoi résister à ce que tous, à juste titre, loueront, à savoir la narration enlevée, la rythmique souple et l’enchaînement élégant des séquences, le fin nappage de mots d’auteurs et l’injection de la mélancolie dans la comédie, le refus du monolithisme dans le trait des personnages, l’esquive de la condescendance, de la caricature, du cynisme ou du mépris, et une distribution infaillible ? Parce que justement cette faille manque, le gommage de toute aspérité ne peut accrocher mon regard, l’œil tout juste aiguillé, dans une direction unique. Trop enclin à faire la fine bouche, voire mauvais coucheur ou peine à jaouir, j’assume mes travers. Seulement, attentif à leur valeur, j’espérais du tandem Bacri-Jaoui émancipé du pygmalion Resnais qu’il s’expose à la dissonance plutôt que d’entonner la même chanson (on la connaît), qu’il me déroute, et non plus qu’il déroule son indéniable savoir. Que, quitte à croiser dans les eaux chères à Sautet, il sache faire preuve du même toupet aventureux que Pas de scandale. Pas de ça ici. Sous couvert de mettre à mal les chapelles, dynamiter les côteries, faire se rencontrer privé et subventionné, Agnès Jaoui, en privilégiant le recentrage et le nivellement, la chêvre et le chou ménagés, risque d’instaurer ce qu’elle désirait combattre, une nouvelle dictature du goût : le tiède de très bonne facture, qui vient de se trouver un nouvel ambassadeur.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}