Le dossier de presse en fait une lettre de Mocky aux journalistes mériterait à lui seul un article… Avec son franc-parler proverbial, Mocky y explique qu’il a renoncé aux habituels frais publicitaires pour la sortie de son nouveau film, déçu par les résultats de ses quatre derniers titres, et invite les critiques à […]
Le dossier de presse en fait une lettre de Mocky aux journalistes mériterait à lui seul un article… Avec son franc-parler proverbial, Mocky y explique qu’il a renoncé aux habituels frais publicitaires pour la sortie de son nouveau film, déçu par les résultats de ses quatre derniers titres, et invite les critiques à aller voir Le Glandeur lors de son exploitation en salles. Un coup de pub réussi qui distille un discret « effet de marginalisation » et n’a fait qu’inciter des critiques ordinairement peu motivés à se procurer une cassette du film avant les autres. Le Glandeur est sans doute le film le plus libre de son auteur, le seul qui soit entièrement construit autour du principe de digression. L’histoire se résume à quelques jours et nuits de déambulation dans Paris d’un glandeur professionnel (Mocky, en vieux beau encore vert, excellent dans un registre autoparodique), ancien entraîneur d’une équipe de football que sa femme, secrétaire d’Etat aux sports, veut à tout prix forcer à travailler, quitte à le caser dans un ministère. Le film est une succession de rencontres insolites et prétend dresser rien de moins que l’état des lieux de la France aujourd’hui… selon Mocky. Tout y passe : Zidane et le Mondial, les fausses factures, les emplois fictifs, le Viagra, les SDF, la Gay Pride… Bien sûr, tout ne passe pas : les couplets sur les jeunes et la Révolution auraient vite fait de coller à Mocky qui s’en fout l’étiquette de vieux con, et de provoquer un rejet de cette enfilade de perles de comptoir et d’aphorismes de café du commerce. Le film dit d’ailleurs trop de choses sur tout pour être recevable. En revanche, on goûte sans modération le petit voyage récapitulatif qu’il propose en Mockyland. Un monde parallèle, miroir déformant du nôtre, peuplé de trognes hilarantes, de répliques absurdes, de situations surréalistes (le prologue est d’anthologie) avec une bonne dose de poésie urbaine, de tendresse et de cruauté. Un film-testament ? Mocky annonce déjà son nouveau délire, La Soutane turquoise,
un thriller sur la malbouffe. Inépuisable…
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