LE GÉNÉRALde John Boorman, avec Adrian Dunbar, Brendan Gleeson, Sean McGinley (1997, Irl., 119 mn) Avec ce modeste film en noir et blanc, éternelle histoire du voleur qui nargue les gendarmes, John Boorman retrouve toutes ses couleurs. Comme les aventuriers de Délivrance devaient passer les rapides sans s’échouer, il faut “passer” les premières minutes du […]
LE GÉNÉRAL
de John Boorman, avec Adrian Dunbar, Brendan Gleeson, Sean McGinley (1997, Irl., 119 mn)
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Avec ce modeste film en noir et blanc, éternelle histoire du voleur qui nargue les gendarmes, John Boorman retrouve toutes ses couleurs.
Comme les aventuriers de Délivrance devaient passer les rapides sans s’échouer, il faut « passer » les premières minutes du Général. Ce sont les plus faibles, celles où il est facile de repérer quelques vilains tics boormaniens, quelques effets bien voyants destinés à nous faire prendre conscience du destin inéluctable d’un homme, du pont jeté entre passé et présent, et autres billevesées pataudes coutumières à l’auteur de Rangoon. On craint même un énième film à thèse sur l’Irlande. Mais c’est une erreur vite dissipée. Sous son titre gaullien, Le Général est en fait un bon film classique, construit de motifs anciens mais toujours efficaces, bien mené par un solide technicien, et illuminé par la présence d’un immense comédien, Brendan Gleeson.
Avec ce film dont la modestie apparente dissimule un savoir-faire sans failles, Boorman semble tirer sa révérence aux grands sujets (sur)plombants et livre une nouvelle version très enlevée de l’affrontement éternel entre de sots gendarmes et un voleur flamboyant, loin des envolées prétendument « visionnaires » qu’apprécient tant ses thuriféraires acharnés. Ce qui ne l’empêche naturellement pas de continuer à illustrer, sous une forme moins ambitieuse et donc plus réussie que d’habitude, ses thèmes de toujours : le combat désespéré d’un individu archaïque contre une société fondée sur l’oubli et le système de résistance qu’il lui faut inventer. En filmant ce Robin des bois irlandais, John Boorman parle de lui-même : Le Général devient l’émouvant autoportrait imaginaire d’un petit maître qui se retrouve, d’un cinéaste habile qui retombe enfin sur ses pieds.
S. C.
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