Un inédit de 1972 sur la Résistance, qui doit son charme dépouillé au décor naturel du Vercors et à la subtilité de sa mise en scène. Trente ans après avoir coréalisé (avec Roger Taverne) Le Franc-tireur, œuvre anti-hagiographique sur la Résistance, restée inédite pour diverses raisons dont son sujet trop libre , Jean-Max Causse, […]
Un inédit de 1972 sur la Résistance, qui doit son charme dépouillé au décor naturel du Vercors et à la subtilité de sa mise en scène.
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Trente ans après avoir coréalisé (avec Roger Taverne) Le Franc-tireur, œuvre anti-hagiographique sur la Résistance, restée inédite pour diverses raisons dont son sujet trop libre , Jean-Max Causse, infatigable codirecteur des Studios Action (et donc « père » de plusieurs générations de cinéphiles parisiens), en a récupéré les droits, l’a remonté et remixé. Evidemment, certains seront déroutés par le minimalisme extrême de ce film de guerre. Mais en ces temps d’orgie d’effets numériques, de filmage et de montage trépidants, notamment dans le cinéma d’action, Le Franc-tireur est quasiment un bain de jouvence, une leçon de simplicité. Il tire son charme certain de son amateurisme maîtrisé, de sa limpidité et de son sens de l’espace et du paysage, qui montrent que le cinéphile Causse a bien retenu la leçon des maîtres d’antan, en particulier d’Anthony Mann, dont le splendide Cote 465, film de guerre épuré s’il en est, a vraisemblablement servi de modèle au Franc-tireur. Certes, on peut tiquer sur certaines scènes trop elliptiques cf. la relation amoureuse entre le héros incarné par un jeune Philippe Léotard et la gironde Estella Blain , sur la musiquette (dont Causse dit avoir éliminé la majeure partie) qui confère parfois un côté gentillet à ce long périple dans le Vercors d’une patrouille perdue de maquisards. Il n’en reste pas moins que, sur l’essentiel, à savoir la mise en scène, Causse et Taverne emportent le morceau. Ce film, qui est en filigrane le pendant libertaire de Lacombe Lucien, en décrivant l’opportunisme, ou plutôt l’irréductibilité d’un individu solitaire qui fait par hasard un bout de chemin avec la Résistance, pour sauver sa peau, convainc avant tout par sa parfaite intégration des personnages dans le décor grandiose du Vercors (remarquablement filmé par Yves Lafaye). Au lieu de subordonner la réalité au scénario, au lieu d’encombrer le récit avec d’artificiels conflits psychologiques ou avec des scènes d’action spectaculaires, on s’appuie sur le hors-champ, on remet les hommes dans la plus juste perspective : celle d’une colonne de fourmis perdue dans l’immensité des Alpes, aux prises avec un ennemi aussi tentaculaire qu’invisible. On pense aussi à Une aventure de Billy the Kid de Luc Moullet, tourné à la même époque dans un décor similaire, rare western français, qui repensait le genre en faisant table rase des clichés hollywoodiens et en l’abordant dans une optique documentaire. Il faut donc oublier les conventions et se laisser porter par la grâce naturelle de ce Franc-tireur sans esbroufe.
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