Voici un film qui part d’un bon sentiment, estimable mais assez répandu dans nos contrées, et que nous partageons évidemment : souhaiter la paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais comme disait autrement Gide, le bon sentiment ne gagne jamais à sa multiplication. Tout commence pourtant comme dans La vie est un long fleuve tranquille : […]
Deux bébés, israélien et palestinien, sont échangés à la naissance. Un peu trop sentimental.
Voici un film qui part d’un bon sentiment, estimable mais assez répandu dans nos contrées, et que nous partageons évidemment : souhaiter la paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais comme disait autrement Gide, le bon sentiment ne gagne jamais à sa multiplication. Tout commence pourtant comme dans La vie est un long fleuve tranquille : un couple israélien (Emmanuelle Devos et Pascal Elbé) et un couple palestinien découvrent que dans l’affolement d’un bombardement, leurs fils ont été échangés à la naissance dix-huit ans plus tôt. Comment vont-ils réagir, sachant que le père israélien est colonel de Tsahal (Pascal Elbé) et que le Palestinien, ingénieur de formation mais garagiste pour survivre, déteste évidemment celui qu’il appelle “l’occupant” ? Plutôt mal.
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Lorraine Levy traite cette première partie sans crise lacrymale exagérée et avec un regard plutôt raisonnable sur les positions des deux familles. Le vrai problème, c’est que son récit ne sort jamais du constat socio-politico-religio-psychologique qu’il s’est imposé dès le départ et qu’il se perd même parfois dans des considérations sur la génétique un peu bébêtes : l’enfant juif élevé par les Palestiniens veut devenir médecin comme sa mère biologique, tandis que l’enfant arabe élevé par les Israéliens possède les talents musicaux de son père biologique… Levy esquisse un instant une voie symbolique plus intéressante, lorsqu’elle évoque dans une scène Isaac et Ismaël, les deux fils d’Abraham dont sont issus Hébreux et Arabes. Elle aurait pu aussi évoquer la figure de Moïse, ce nourrisson hébreu recueilli et élevé par une princesse égyptienne qui devint le sauveur de son peuple.
Mais le film reste constamment au ras d’un plancher qui s’affaisse peu à peu sous les affects primaires, pour finir dans une sorte de consensus pathétique qui laisse un peu sceptique. Alors oui, le monde serait meilleur si tous les hommes faisaient un effort d’amour et d’intelligence, et la guerre, c’est moche. Mais bon…
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