Un film noir trop alambiqué aux accents mélodramatiques.
Après le flamand de Bullhead (2012) et l’anglais de Quand vient la nuit (2014), Roskam s’essaie au français pour son troisième long métrage. Mais l’œuvre polyglotte cache une constante de genre puisqu’il nous propose une nouvelle fois un film noir se désirant racé et viril.
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Cette masculinité est ici incarnée par Gino (Matthias Schoenaerts), braqueur la nuit et importateur de voitures le jour. Son secret est menacé par son amour pour Béné (Adèle Exarchopoulos), pilote automobile le jour et folle de Gino à plein temps. Mais très loin du réalisateur l’idée de donner à son film un air de Bonnie and Clyde.
Ce qui l’intéresse, c’est la solitude mâle sous laquelle palpitent les blessures du passé. Sauf qu’à force de reprendre les mêmes thématiques et le même type d’images à contre-jour témoignant de la massivité du corps de son acteur fétiche, le cinéma de Roskam finit par tourner en rond.
Coécrit avec les script doctors en chef du ciné français, Thomas Bidegain et son poulain, Noé Debré, le scénario éculé du dernier casse est d’un manque de finesse post-Jacques Audiard navrant. Malgré l’apparition d’un personnage féminin susceptible de bousculer l’ordre phallocratique, le film est incapable de raconter cette histoire d’amour, la limitant à une suite d’étreintes vulgairement filmées.
Ne laissant aucun espoir au combat de Béné pour sauver son amant autodestructeur, Le Fidèle sacrifie ce personnage féminin avec une certaine complaisance, réduisant plus que jamais les hommes à des mufles égocentriques et les femmes à de gentilles infirmières.
Le Fidèle de Michaël R. Roskam (Bel., Fr., 2017, 2 h 10)
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