Selon le dossier de presse du film, « une part de la magie qui se dégage de la performance de Massimo Troisi provient du fait que toujours il a poussé Radford à utiliser la souffrance qu’il ressentait pour servir le film. Les gros plans, particulièrement, témoignent d’une gamme d’expressions et d’émotions nuancées d’une grande richesse. » Pour […]
Selon le dossier de presse du film, « une part de la magie qui se dégage de la performance de Massimo Troisi provient du fait que toujours il a poussé Radford à utiliser la souffrance qu’il ressentait pour servir le film. Les gros plans, particulièrement, témoignent d’une gamme d’expressions et d’émotions nuancées d’une grande richesse. » Pour apprécier l’élégance de ces précisions, il faut savoir que Massimo Troisi est décédé le lendemain du dernier jour de tournage du Facteur, à 41 ans, des suites de complications cardiaques particulièrement douloureuses.
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Comme on peut le constater, une grande pudeur a dicté ces commentaires subtils, et du coup, tout n’a pas été dit. Nous voilà donc contraints de fournir quelques explications complémentaires sur d’autres performances « magiques » du film. Ainsi, Maria Grazia Cucinotta, dans le rôle de Béatrice, porte beaucoup de khôl mais très peu de robe, ce qui laisse le loisir d’apprécier sa généreuse poitrine. Tellement généreuse qu’elle en devient suspecte. A côté, Lolo Ferrari a l’air d’une réclame pour la limande. L’explication ? Entre deux prises, l’accorte Transalpine partit cueillir un bouquet de pâquerettes avec un machino. Résultat : un test bleu positif et une costumière débordée, annulant en catastrophe sa commande de 85 b chez La Perla pour un bon vieux 95 d des familles.
Et Philippe Noiret ? Quel est son secret pour être si plausible en Pablo Neruda, malgré un doublage italien frôlant la parodie ? Il s’est tout simplement laissé pousser la robe de chambre. On a beau être en exil comme Neruda, on a quand même besoin d’un minimum de confort pour enfiler les métaphores, comme d’autres les perles. Il a aussi beaucoup travaillé son regard qui pense, et l’épluchage d’oignons métaphysique (« J’épluche, donc je suis »). Et le buisson ? Comment fait-il, le buisson, pour être aussi joliment jauni ? Il a consciencieusement laissé le perchman, assoiffé par ce tournage au soleil, se soulager sur lui.
Michael Radford mesure l’importance de ce travail : « Il faut absolument savoir ce qui est un cliché, et ce qui n’en est pas, pour le briser si nécessaire… Si je fais un film en Ecosse, je sais exactement combien d’acteurs roux je dois mettre dans mon film pour être fidèle à la réalité. Là, je ne savais pas si je pouvais choisir une actrice blonde pour interpréter une Napolitaine, ou une Sicilienne, ou préférer une brune… Il y a beaucoup de blonds en Italie du Sud. Je ne savais pas comment m’en sortir. C’est ce genre de choses, si infimes et pourtant essentielles, qui sont tellement difficiles à saisir. »
T’inquiète, Michael, ça se renifle à plein nez que vous vous êtes tous appliqués : le décorateur sur sa patine hyperréaliste, le compositeur qui a transcendé le thème de Cosma pour La Boum, le monteur sur des raccords au petit poil, le dialoguiste avec des blagues tellement drôles sur le communisme, toi la caméra à l’épaule, modestement. Après tout, les artistes, c’est d’abord des artisans, non ?
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