Paradoxalement, l’œuvre d’Olivier Zabat, reconnue et estimée, a été peu montrée en salle pour migrer vers les galeries d’art et les diffusions TV. La rétrospective organisée par le Cinéma du Réel vient redonner de la visibilité au documentariste.
Au lancement du Cinéma du Réel, nous vous recommandions cinq films de la compétition à découvrir. Mais la richesse du festival ne se limite pas à cette seule sélection : à celle-ci, comptons également les programmes “Première fenêtre”, “Front(s) populaire(s)”, “L’aventure Varan Vietnam” et le “Festival Parlé”. Ajoutons enfin “Le monde, autre”, dont les films s’évertuent à réinventer notre regard porté sur le monde et le réel, au travers de formes dissenssuelles qui rompent avec l’imagerie dominante. Trois cinéastes y sont mis à l’honneur avec la rétrospective de leurs œuvres : Franssou Prenant, Jean-Pierre Gorin et Olivier Zabat.
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L’œuvre d’Olivier Zabat a connu le prestige de certaines sélections en festival (à Belfort, Locarno, Rome ou au Doc Fortnight du MoMA de New York et au FIDMarseille), a été diffusée sur Arte et régulièrement projetée dans des galeries d’art (au musée d’Art moderne de Paris ou à l’Imperial War Museum de Londres). La rétrospective du Cinéma du Réel, festival largement ouvert au public, permet donc de mettre en lumière cette filmographie prestigieuse, mais encore trop peu connue.
Le juste regard
La caméra d’Olivier Zabat s’est tournée vers des individus sous-exposés dans la sphère médiatique ou plus largement dans les représentations dominantes : ce sont des prolétaires, des SDF, des criminels, des corps marqués par le handicap ou par des agressions. Si la dimension politique de ce cinéma est évidente, elle ne repose pas sur une forme pédagogique ou discursive. Elle réside avant tout dans la justesse du regard posé sur ces femmes et ces hommes qui s’offrent à l’objectif de la caméra. La grande attention du cinéaste accordée à la parole de ces personnes permet de les reconnaître pleinement en tant que sujets singuliers, et non comme l’illustration d’un discours général et déjà conceptualisé qui ferait d’eux un simple objet documentaire. La justesse de ce regard naît de cette reconnaissance de l’unicité de l’autre, qui constitue la condition d’un cinéma éthique.
Dans la présentation de la rétrospective, Jérôme Momcilovic, critique et membre du comité de sélection pour le Cinéma du Réel, revient sur ce regard singulier qu’Olivier Zabat pose sur ces individus qui peuplent ses films : “Dans l’un des rares entretiens qu’il est donné de trouver en ligne, Olivier Zabat évoque sa méthode en empruntant un terme éloquent, qui paraît d’abord vaguement inadéquat : ‘Je commence toujours mes films dans un entendement simple et franc avec les protagonistes.’ Dans ce mot peu courant d’entendement, là où Zabat semble vouloir parler d’entente ou simplement d’échange, on trouvera en vérité le fondement autant que l’horizon des films. Le fondement, c’est cette qualité d’approche singulière (simple et franche, on ne saurait mieux dire) qui installe le personnage face au spectateur dans l’évidence nue d’une présence, sans autre justification ni contexte que son rapport immédiat au monde et à la caméra.”
Le texte de Jérôme Momcilovic et la programmation complète sont à retrouver sur le site du festival.
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